Une triste page s’est tournée hier matin quand le président de Dexia, Jean-Luc Dehaene, et son administrateur-délégué, Pierre Mariani, ont présenté les principales mesures qui permettront « une résolution ordonnée du groupe franco-belge ». Quasiment trois ans jour pour jour après leur prise de fonction le 7 octobre 2008, les deux capitaines de la banque naufragée ont décliné toute responsabilité quant à cet échec.

« Le plan de restructuration approuvé par la Commission européenne pour redresser le groupe en quatre ans ne pouvait prévoir la survenue d’une crise de la dette souveraine qui a touché de plein fouet Dexia, banque spécialisée dans le financement des collectivités publiques », a d’abord souligné Jean-Luc Dehaene. Face au sentiment de gâchis d’une partie de l’opinion qui s’interroge sur le bien-fondé des efforts fournis alors que la banque est revenue à son point de départ funeste, Pierre Mariani a ensuite défendu son bilan. « Quand nous sommes arrivés à la tête de Dexia, la séparation des activités opérationnelles des portefeuilles illiquides n’aurait pas été possible. Ce n’est pas 90 milliards d’euros que les Etats actionnaires auraient dû garantir comme ils vont le faire mais 300 milliards d’euros, a-t-il assuré. Entre-temps, nous avons réduit de plus de 160 milliards d’euros les besoins de financement à court terme du groupe et divisé par près de deux à 125 milliards d’euros la taille du portefeuille obligataire. »

La suite de l’histoire est connue : la crise de la dette souveraine a eu raison du lent rétablissement de Dexia, dont les besoins de liquidités ont de nouveau monté en flèche. La banque franco-belge compte en effet plus de 20 milliards d’euros d’engagements auprès des Etats de la zone euro. dont la solvabilité est mise en doute.

« Trop obéissants »

Là encore, Pierre Mariani s’estime irréprochable. « En mai 2010, l’ensemble des gouvernements européens ont demandé aux banques de garder leurs expositions souveraines. Le ministre français de l’Economie, Christine Lagarde, qui est maintenant à la tête du Fonds monétaire international, était de ceux-là. Notre naïveté a peut-être été d’être trop obéissants », a-t-il conclu. Si l’héritage n’est pas de leur ressort, les deux capitaines de Dexia assurent avoir négocié les conditions d’une liquidation digne pour ses actionnaires.

NINON RENAUD, Les Echos