Pour l’instant limité au seul cas grec, le choc sur les dettes souveraines n’a pas mis à mal les grands assureurs européens. « Autant nous étions inquiets en tout début d’année sur un possible enchaînement des défauts sur les dettes des PIGS qui aurait été très difficile à gérer[« Les Echos » du 11 janvier], autant nous sommes aujourd’hui redevenus plus optimistes », explique Danny Jacques, l’analyste de Raymond James Euro Equities (RJEE). D’abord, parce que ce scénario catastrophe semble maintenant plus improbable. Ensuite, parce que le problème grec serait « quasiment digéré par les assureurs cotés », comme l’affirme RJEE dans sa dernière étude. Au premier semestre, le secteur avait déjà passé des dépréciations sur les titres d’Etat grecs. Ce sont Allianz et Munich Ré qui sont allés le plus loin avec un provisionnement de toute leur dette à la valeur de marché. AXA et Generali ont, eux, provisionné à la valeur de marché les titres arrivant à maturité d’ici à 2020. « Quand l’arrêté des comptes au 30 juin intègre des valorisations en valeur de marché, cela veut dire que les moins-values latentes au 30 juin sont déjà dans les bilans », résume Danny Jacques.

Mais les deux autres assureurs français très exposés à la Grèce -CNP Assurances et Groupama -ont fait un choix différent en valorisant et en dépréciant de 21 % les titres arrivant à maturité jusqu’en 2020. Résultat, d’après RJEE, la moins-value brute non comptabilisée dans leur bilan est comprise entre 500 et 600 millions d’euros pour chacun.

Décote autour de 50  %

Les assureurs devraient à nouveau déprécier leurs titres grecs dans les comptes du troisième trimestre. Reste à savoir à quelle hauteur. Chez plusieurs opérateurs, on évoque une décote tournant autour de 50 %, en ligne avec l’effort que devrait fournir le secteur bancaire. Pour les majors, « les impacts à venir sont résiduels », annonce RJEE. Dans l’hypothèse d’un défaut de la Grèce avec 60 % de pertes, l’impact serait d’à peine 0,2 % des fonds propres pour Allianz et AXA, et 0,7 % pour Generali. Mais il serait plus élevé pour CNP Assurances (2,3 %) et surtout pour Groupama (8 %). La publication des résultats trimestriels de la CNP, le 9 novembre, sera scrutée avec intérêt. Sa participation au deuxième plan de sauvetage de la Grèce l’avait déjà conduit à puiser 353 millions d’euros dans sa provision pour participation aux excédents, ramenée ainsi à 2,74 milliards.

LAURENT THÉVENIN, Les Echos