Jean Azéma revocato dalla direzione generale di Groupama, al suo posto Thierry Martel

Une page se tourne chez Groupama. Jean Azéma a été révoqué hier de la direction générale de Groupama. La sanction est tombée en fin d’après-midi, au terme d’un conseil d’administration de Groupama SA. Les puissants patrons des caisses régionales – sans qui rien ne se fait -ont donc décidé de retirer leur confiance à l’homme qui dirigeait le groupe mutualiste depuis plus de onze ans. Jean Azéma, cinquante-huit ans, n’aura donc pas réussi à les convaincre qu’il restait encore et toujours l’homme de la situation malgré les difficultés actuelles du sixième assureur français. Son mandat expirait en 2015. L’éventualité de son départ avait déjà alimenté les rumeurs durant l’été.

Il sera remplacé par Thierry Martel, l’actuel directeur général assurance et banque France. Les présidents de caisse régionale ont donc privilégié un homme du sérail – à quarante-sept ans, ce diplômé de Polytechnique, de Sciences po et de l’Institut des actuaires a fait l’essentiel de sa carrière au sein du groupe mutualiste -plutôt qu’une solution extérieure. Christian Collin, cinquante-sept ans, l’actuel directeur général finance et risques, devient directeur général délégué.

Contexte chahuté

Le nouveau duo reprendra donc les rênes de Groupama dans un contexte pour le moins chahuté. Fin septembre, l’assureur avait vu sa notation dégradée coup sur coup par Standard & Poor’s (S&P) puis par Fitch. Les agences lui reprochent notamment un niveau de fonds propres insuffisant. Pris dans la crise des dettes souveraines, plombé par ses fortes participations dans Société Générale et Veolia Environnement, dont les cours de Bourse se sont effondrés cet été, l’assureur suscite des interrogations sur sa marge de solvabilité. A fin juin, elle était de 130 % (117 % en prenant les seuls fonds propres durs), soit juste un peu au-dessus du seuil de 100 %.

Jean Azéma reconnaissait lui-même il y a un mois que « la situation [était] un peu tendue » (« Les Echos » du 26 septembre). L’Autorité de contrôle prudentiel surveille le dossier comme le lait sur le feu. Pour donner des gages à S&P et tenter de redresser ses fonds propres, l’assureur avait présenté un plan de réduction des coûts de 300 millions d’euros sur les deux prochaines années. Thierry Martel et Christian Collin devraient au moins appliquer ce plan, sinon en présenter un autre plus ambitieux encore. D’autant qu’existe une autre épée de Damoclès : la dette grecque. Au premier semestre, l’assureur avait déjà dû passer une provision 88 millions d’euros à la suite de sa participation au deuxième plan de soutien à la Grèce. Comme les autres acteurs du secteur financier, il devrait logiquement appliquer une nouvelle décote supplémentaire pouvant aller jusqu’à 50 % sur ses obligations, dont l’impact risque d’être autrement plus douloureux.

Le sort du groupe en question

Lors d’une année décidément bien difficile pour Groupama, Jean Azéma avait par ailleurs dû faire une croix sur deux de ses grands projets. Contrairement à son plan de marche, le groupe mutualiste a renoncé à faire partie des dix plus gros assureurs européens. Il a également essuyé un échec – remarqué -en Italie en n’arrivant pas à entrer au capital de Premafin et de Fondiaria SAI, le quatrième assureur du pays. Quant à l’introduction en Bourse de Groupama SA, elle est repoussée aux calendes grecques… pas avant 2015. Certains vont jusqu’à dire qu’elle est purement et simplement enterrée. Au-delà, Jean Azéma indiquait cependant encore fin septembre aux « Echos » que le conseil d’administration avait confirmé la stratégie du groupe : « La priorité pour 2012-2015 est d’en adapter le rythme d’exécution à un contexte de croissance atone de l’économie en Europe et en France. »

Le sort de Groupama – mais aussi celui de Jean Azéma, pilier de la Fédération française des sociétés d’assurances -est suivi de très près par le petit monde financier. Plusieurs acteurs pourraient lui porter secours au cas où le groupe mutualiste aurait besoin finalement de s’adosser à un investisseur extérieur.

LAURENT THÉVENIN