Secondo il capo del principale riassicuratore mondiale, CHRISTIAN MUMENTHALER, la copertura del rischio di attacchi informatici potrebbe richiedere l’intervento del governo. È anche preoccupato per l’inflazione giudiziaria negli Stati Uniti.

Propos recueillis par Laurent Thévenin @laurentthevenin
Les prix de la réassurance doivent-ils encore augmenter ? Le marché vient de subir deux années très lourdes sur le plan des catastrophes naturelles : 2017 avait été la plus coûteuse de tous les temps et 2018 la quatrième. Depuis l’an dernier, il y a une petite augmentation des tarifs, avec des hausses plus marquées dans les zones très touchées, comme l’Australie, le Japon et les Etats-Unis. Pour les renouvellements du 1er janvier 2020, il devrait y avoir de nouvelles augmentations de tarifs dans les régions affectées par des catastrophes naturelles ainsi que dans les lignes d’activité sous-performantes. Ailleurs, les prix devraient être globalement stables étant donné qu’il y a encore beaucoup de capitaux dans le secteur. Swiss Re peut vivre avec ces conditions de marché vu sa taille, sa diversification entre la réassurance-dommages et la réassurance-vie, ses relations très étroites avec ses clients et sa connaissance des risques acquise depuis des décennies. Mais c’est beaucoup plus dur pour le marché.
La plupart des catastrophes naturelles sont peu assurées. Comment combler ce déficit de protection ? Nous estimons aujourd’hui cette lacune de protection pour les catastrophes naturelles, le risque de mortalité et la santé à 1.200 milliards de dollars, ce qui est un nouveau record. Le déficit est particulièrement grand dans les pays pauvres, où l’assurance est sousdéveloppée et où la population n’a souvent pas les moyens de s’assurer. Nous travaillons déjà beaucoup avec des gouvernements de ces pays ou des institutions internationales pour trouver des solutions qui sont financées par les Etats. Grâce aux solutions mises en place dans ce cadre-là, les Caraïbes ont, par exemple, pu se remettre de nombreuses catastrophes. Mais il y a aussi un vrai déficit de protection dans les pays développés alors que l’assurance y est pourtant disponible et d’un coût abordable. Trop de gens ne se protègent pas parce qu’ils n’en perçoivent pas l’utilité ou parce qu’ils associent l’assurance à quelque chose de négatif. C’est ce qui rend ce problème beaucoup plus délicat à régler. Nous pouvons bien sûr faire des progrès sur les tarifs ou les processus de vente, mais il sera toujours difficile de dépasser ces barrières psychologiques.
Le risque d’attaques informatiques (cyberrisque) est une menace grandissante, mais Swiss Re s’est toujours montré prudent sur le sujet. Oui et nous le restons. C’est un risque extrêmement complexe, qui change tous les jours et sur lequel nous n’avons pas encore un grand historique de statistiques. Il s’agit aussi d’un risque très élevé, qui peut toucher tout le monde en même temps partout dans le monde. Tout cela fait qu’il est très difficile à assurer aujourd’hui. Cela dit, en tant que grand réassureur, nous devons évidemment proposer des couvertures. Nous venons ainsi de lancer une solution pour aider les assureurs face au « silent cyber », c’est-à-dire les expositions au risque cyber qu’ils ont dans leurs portefeuilles de contrats classiques d’assurance-dommages ou de responsabilité civile sans le savoir. Mais nous restons sous-pondérés au cyber pour le moment. Pour une raison simple : il est possible qu’un grand sinistre vienne complètement changer le marché, et il sera alors important de pouvoir être là pour servir les besoins. Par ailleurs, les prix de la cyberassurance sont sous pression et ne reflètent, à notre sens, absolument pas la réalité du risque.
Quel serait le pire des scénarios ? Ce serait une attaque massive sur des infrastructures critiques, comme les réseaux d’électricité, d’eau, de télécommunications ou les systèmes de santé, qui pourrait également faire un grand nombre de victimes.
Le secteur pourrait-il absorber un tel sinistre ? Il y a des risques qui sont tout simplement trop grands pour le marché de la réassurance. Et cela pourrait être le cas avec le cyber. On peut donc imaginer que les Etats jouent un rôle pour les risques extrêmes, comme ils le font déjà pour le terrorisme depuis le 11 Septembre aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou en France, par exemple, ou pour les pandémies dans certains pays. Nous sommes favorables à ces systèmes qui laissent une place aux assureurs et aux réassureurs jusqu’à un certain niveau de sinistres et dans lesquels les gouvernements interviennent financièrement au-delà.
Quels autres risques émergents vous inquiètent ? Parmi les tendances les plus préoccupantes aujourd’hui, il y a l’inflation judiciaire aux Etats-Unis, l’inclination répandue à porter plainte allant de pair avec des verdicts de plus en plus sévères. Ce phénomène fait que beaucoup de lignes américaines de responsabilité civile sont aujourd’hui déficitaires. Comme nous l’avons annoncé, notre activité d’assurance des entreprises, Swiss Re Corporate Solutions, va réduire son exposition à certains de ces risques, voire en sortir. Du côté de la réassurance, nous pouvons choisir de travailler avec certains des meilleurs assureurs et continuer à soutenir ce segment.

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