Sale la tensione tra SCOR e Covéa. Il riassicuratore francese chiede le dimissioni di Thierry Derez, numero uno di Covéa dal consiglio di amministrazione, accusandolo di conflitto di interessi, ma il gruppo mutualista, primo azionista di Scor, non ha intenzione di cedere.

Laurent ThéveninLaurence Boisseau

Le réassureur réclame le départ de Thierry Derez, le PDG de Covéa, de son conseil d’administration, à qui il reproche un conflit d’intérêts. Mais le premier actionnaire de SCOR n’a pas l’intention de céder.
La tension monte dans le dossier SCOR-Covéa. Après avoir rejeté catégoriquement le projet d’une offre publique d’achat à 43 euros par action, présenté fin août par l’assureur mutualiste (puis retiré dans la foulée), le géant français de la réassurance est aujourd’hui à couteaux tirés avec son premier actionnaire, détenteur d’un peu plus de 8 % du capital. Comme l’avait indiqué « L’Opinion », son PDG, Denis Kessler, a envoyé une lettre le 6 septembre à Thierry Derez, le patron de Covéa, pour lui demander de démissionner de son poste d’administrateur, arguant d’une situation de conflit d’intérêts en contradiction avec son règlement intérieur.
Si la missive est signée Denis Kessler, Augustin de Romanet, l’administrateur référent du groupe, est lui aussi en première ligne sur ce dossier. Selon nos informations, il a pris Nicolas Baverez comme avocat pour le conseiller.

Offre remballée
De son côté, Covéa – qui a remballé son offre – n’a nullement l’intention de céder à cette injonction. « L’offre ayant été retirée, la demande est sans objet », répond-on du côté du groupe rassemblant les enseignes GMF, MAAF et MMA.
Malgré cette situation et un engagement à ne pas monter à plus de 10 % du capital avant avril 2019, l’assureur mutualiste ne semble en tout cas pas vouloir lâcher l’affaire. Le 4 septembre, quand il avait révélé son projet et la fin de non-recevoir opposée par SCOR, il se disait toujours intéressé par une opération « amicale ».
Preuve de sa détermination, il a encore musclé son dispositif. Déjà accompagné par Barclays, Credit Suisse et Rothschild, il s’est aussi adjoint les services de Lazard, ont appris « Les Echos ». Interrogé, Covéa « refuse de commenter les rumeurs ».

En attendant, un autre actionnaire est monté au créneau. Le hedge fund CIAM, qui détient 0,77 % du capital, a écrit à la direction de SCOR pour lui reprocher son rejet de la proposition. « En refusant toute discussion avec Covéa, vous ne vous mettez pas en mesure d’apprécier pleinement la conformité de cette offre avec l’intérêt social de SCOR », a indiqué Catherine Berjal, présidente de CIAM, dans une lettre révélée par le « Financial Times » et dont « Les Echos » ont eu une copie.

Un fonds spéculatif au capital de SCOR
« Cette décision est effectivement justifiée par des considérations générales relatives à l’indépendance de SCOR vis-à-vis de ses propres actionnaires, ce qui n’est évidemment pas acceptable. De plus, il semblerait que les membres du comité exécutif aient signé un engagement de démission en cas de succès de l’offre de Covéa, ce qui constitue une pression inadmissible sur le conseil de SCOR », écrit-elle.

SCOR se défend en faisant valoir que « le conseil avait voté unanimement contre l’offre, parce que la proposition de Covéa ne reflétait pas la valeur intrinsèque de l’action ». Par ailleurs, « le conseil d’administration, qui comprend 70 % d’indépendants de six nationalités avec des compétences diverses et variées, suit les meilleures pratiques de gouvernance, ce qui signifie aussi avoir mandaté des conseils financiers et juridiques pour assister le conseil dans l’examen de l’offre. Au cours des dix dernières années, SCOR a servi un retour aux actionnaires attractif de 266 % », poursuit le réassureur.

Catherine Berjal et Anne-Sophie d’Andlau, qui ont fondé CIAM il y a huit ans, sont bien connues en France. Elles ont mené de nombreuses batailles contre Euro Disney, Canal+, Zodiac, SFR. Leur fait d’arme : Club Med en 2013. Abasourdies par le prix proposé par l’alliance formée par Ardian, le chinois Fosun et la direction pour racheter le Club Med, elles ont formé un recours contre la décision de conformité de l’offre publique d’achat rendue par l’Autorité des marchés financiers (AMF). Elles ont réussi à bloquer l’offre pour laisser le temps à d’autres intéressés de renchérir sur le spécialiste des vacances. Et à faire monter le prix.

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