Covéa, un gruppo mutualista ha recentemente annunciato di aver proposto a Scor un’opa amichevole non richiesta. Sarebbe uno spreco per SCOR, una compagnia di riassicurazione guidata da un ceo eccezionale che da uno stato di quasi fallimento all’inizio degli anni 2000, in sedici anni, ha portato la società quotata a diventatare il 5 ° più grande riassicuratore al mondo, con una valutazione di oltre 7 miliardi di euro, facendone una storia di successo con pochi equivalenti.

Jean-François Lepetit
Un groupe mutualiste a récemment annoncé avoir proposé à SCOR un rapprochement « amical »… au moyen d’une proposition non sollicitée d’offre publique d’achat.
Sur le fond, l’absence de logique industrielle d’une telle opération, qui aboutirait au mariage de la carpe et du lapin, rendrait celle-ci regrettable. Ce serait un gâchis pour SCOR, société de réassurance relevée par un dirigeant d’exception d’un état de quasi-faillite au début des années 2000, situation qui n’était pas étrangère à un contexte d’actionnariat dominé à l’époque par une mutuelle. En seize ans, cette entreprise cotée est devenue le 5e réassureur mondial, avec une valorisation de plus de 7 milliards d’euros, ce qui en fait une success-story qui a peu d’équivalents.
Au-delà de ce cas d’espèce, cette tentative est révélatrice de l’expansionnisme des mutuelles du secteur financier français, à contre-courant de ce qui peut être observé dans la plupart des pays étrangers, et elle pose avec acuité la question des facteurs dont il se nourrit. Aujourd’hui, le monde mutualiste contrôle environ 60 % du secteur bancaire et 50 % du secteur des assurances français.

J’ai vécu la restructuration du système bancaire français au profit de mutuelles. Le CIC a été acquis par le Crédit Mutuel. La Banque Indosuez, que je dirigeais, et le Crédit Lyonnais ont été acquis par le Crédit Agricole. Quel bilan peut-on en tirer ? Certes, les activités de banque de détail du CIC et du Crédit Lyonnais ont pu trouver une place dans les deux groupes auxquels elles ont été intégrées et dont c’était le métier principal. Mais s’agissant des activités de marché et à l’international, le Crédit Lyonnais, la Banque Indosuez et même le CIC, qui disposaient de positions enviables, les ont vues s’atrophier, voire créer de graves pertes. Logique : pour les mutuelles françaises, l’Asie, le Moyen-Orient ou les Etats-Unis sont très loin de leur environnement quotidien.

Une tentative de rachat du type de celle qui pèse sur la SCOR serait de bonne guerre si les règles du jeu étaient les mêmes pour tous. Il n’en est rien ! L’émission de certificats constitue une partie des fonds propres des banques mutuelles. Ces instruments portent intérêt sans lien avec les marchés de dette ou d’actions. Le porteur n’a pas droit aux résultats ni à des dividendes. C’est en fait un instrument de dette. A la différence des actions, les certificats ne sont donc pas des instruments de fonds propres. Les réserves accumulées, de vrais fonds propres, deviennent une masse de ressources à la disposition des mutuelles, sans qu’il y ait de titulaires de ces passifs : des comptes sans propriétaires, un miracle comptable !
Ces moyens financiers considérables ne seraient pas un problème en soi s’ils étaient gérés dans le respect des principes de rationalité économique et de bonne gouvernance. Mais, de ce point de vue, une société mutuelle est un ovni pour un homme de marché : pas de comptes à rendre à des actionnaires soucieux de leurs dividendes et de l’évolution de leurs titres. Pas d’élection des administrateurs par les actionnaires. Pas d’objectifs de résultats ni de stratégie à justifier auprès des investisseurs. Et, au final, la possibilité pour leurs dirigeants d’utiliser quasiment à discrétion ces fonds, y compris pour financer des conquêtes boursières.

C’est là que le bât blesse tout particulièrement : alors qu’une société cotée qui lance une offre publique d’achat doit s’astreindre à une discipline forte, notamment sur le prix offert, afin de ne pas être elle-même sanctionnée en Bourse par ses actionnaires, à l’inverse, une société mutuelle peut tranquillement envisager de lancer une OPA dénuée de projet industriel et rester pourtant à l’abri de toute conséquence immédiate.
L’homme de marché que j’ai été, le dirigeant de banque, le président du CMT, du CMF, de la COB, du CNC, l’initiateur de l’AMF et de l’ANC se révolte à l’idée de voir des fleurons de notre économie menacés de lente dissolution dans la nébuleuse d’une mutualité aux moyens et aux contraintes hors marché.

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