JULIEN DUPONT-CALBO

SELON UNE ÉTUDE SCIENTIFIQUE, LA SURPOLLUTION ISSUE DU SCANDALE DES MOTEURS DIESEL PROVOQUERAIT 5.000 DÉCÈS EN EUROPE CHAQUE ANNÉE.
Le scandale du diesel coûte peut-être des milliards d’euros à Volkswagen, mais la surpollution liée aux calibrations moteur minimalistes des constructeurs automobiles générerait près de 5.000 décès par an rien qu’en Europe, indique une étude publiée ce lundi dans la revue scientifique « Environmental Research Letters ». Les chercheurs hollandais, suédois, autrichiens et norvégiens ont calculé qu’environ 10.000 morts peuvent être imputées tous les ans en Europe à la pollution aux particules fines émises (dont les NOx) par les véhicules légers fonctionnant au diesel. Les NOx sont des gaz nocifs pour le système respiratoire et contribuent en outre à la formation d’ozone, un autre polluant, en cas de beau temps.

Près de la moitié des décès, environ 4.750 cas, ne seraient pas survenus si les émissions d’oxyde d’azote émises par ces véhicules sur la route avaient été les mêmes que celles observées lors des tests en laboratoire. Si les voitures diesel émettaient aussi peu de NOx que celles fonctionnant à l’essence, environ 4.000 de ces 5.000 morts prématurées auraient été évitées, relèvent même les auteurs. En mai, une étude publiée par « Nature » avait estimé que les excès d’émissions liés au « dieselgate » avaient été responsables de 38.000 décès prématurés dans le monde en 2015. Cette même année, sous la pression des autorités américaines, Volkswagen avait avoué l’existence d’un logiciel permettant à un véhicule passant le test d’homologation de réduire ses émissions par rapport à son fonctionnement normal. Depuis, nombre de constructeurs – dont Mercedes, Fiat Chrysler, Renault ou PSA – sont accusés d’avoir réglé leurs moteurs pour passer les tests, et non pas pour polluer le moins possible.

Les pays comptabilisant le plus de morts sont l’Italie, l’Allemagne et la France, « à cause de leurs populations importantes et de la proportion élevée de voitures au diesel », précise le texte – les véhicules roulant au gazole représentant près de la moitié du parc européen. Depuis début septembre, de nouveaux protocoles d’homologation, censés être plus représentatifs de la réalité, sont en vigueur sur le Vieux Continent.

Nouvelle analyse
Selon l’industrie automobile, le développement de la technologie depuis dix ans a largement réduit le degré de pollution théorique du diesel. Surtout, plaident ses avocats, les moteurs Diesel émettent toutefois moins de dioxyde de carbone, nocif pour le climat, que ceux à essence. Reste que l’ONG bruxelloise Transport & Environnement vient de publier une nouvelle analyse sur le sujet, indiquant que, au global et sur toute la durée de vie d’un véhicule, le gazole n’est pas forcément moins polluant en CO2 que le sans-plomb.
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