L’assurance-santé française tient son nouveau géant
LAURENT THÉVENIN

LE RAPPROCHEMENT ENTRE LES GROUPES HARMONIE, MGEN ET ISTYA VOIT LE JOUR. LE NOUVEAU GROUPE, BAPTISÉ « VYV », TOTA- LISE 9 MILLIARDS D’EUROS DE CHIFFRE D’AFFAIRES.
La consolidation du secteur mutualiste bascule dans une autre dimension. Attendue de longue date, la naissance du nouveau mastodonte de l’assurance-santé français formé autour des groupes MGEN, Istya et Harmonie a été actée mercredi par 14 mutuelles et groupements. Baptisé « VYV », ce nouveau groupe totalise 9 milliards d’euros de chiffre d’affaires (7,5 milliards en assurances et 1,5 milliard dans le secteur social, sanitaire et médico-social) pour 10 millions de personnes protégées.

C’est l’aboutissement d’

un processus lancé en janvier 2015 par Harmonie Mutuelle et la MGEN, les deux plus grandes mutuelles santé françaises
. « Nous avions envie et besoin de créer un champion mutualiste, parce que nous sommes convaincus qu’entre l’Etat et le secteur marchand, il y a un espace pour les entreprises non lucratives comme les nôtres pour contribuer à l’intérêt général », explique
Thierry Beaudet, le président du Groupe VYV et de la Mutualité française
. Ce dossier, qui a finalement rassemblé plus large, aura mis plus de temps que prévu à aboutir. « Mais le temps écoulé a permis de renforcer le projet de départ », affirme Thierry Beaudet. « C’est un projet offensif, il y a une connotation très forte de développement », affirme François Venturini, le directeur général. Interrogé sur les perspectives de chiffre d’affaires, le groupe répond toutefois que le business plan est en cours de réflexion.
Coeur de réacteur
Coeur de réacteur de VYV, l’union mutualiste de groupe (UMG) prudentielle réunit la MGEN,

Harmonie Mutuelle
, la MNT, la MGEFI, Harmonie Fonction Publique et la Mutuelle Mare-Gaillard, avec des liens de solidarité financière entre elles. Cette structure faîtière, qui comptera 450 salariés, va piloter la stratégie globale du groupe, concevoir et mettre en commun de nouveaux outils ou services, mutualiser des ressources. « Nous allons concentrer au niveau du groupe les ressources pour le développement auprès des grands comptes [les entreprises publiques et privées de plus de 1.000 salariés] et des conventions collectives nationales. Il est impensable que les mutuelles du groupe se retrouvent en concurrence dans les appels d’offres », détaille François Venturini.
Les mutuelles garderont « la relation directe avec l’adhérent, la gestion et les forces commerciales hors grands comptes », ajoute-t-il. Elles ont par ailleurs placé d’autres activités « sous le contrôle stratégique du groupe », comme la prévoyance, l’épargne-retraite ou l’international.

L’approche en matière de

réseaux de soins conventionnés
doit être revue, Istya et Harmonie (avec Malakoff Médéric dans Kalivia) ayant aujourd’hui chacun le leur. « L’objectif est de constituer un seul et unique réseau, en essayant de préserver le partenariat avec Malakoff Médéric, pour amplifier la contractualisation avec les professionnels de santé », indique François Venturini. Dans l’assistance, « nous voulons tout réunir dans RMA [l’assisteur maison d’Harmonie], en veillant là aussi à conserver un partenariat avec IMA [avec lequel travaille la MGEN] ».
C’est aussi au niveau de la tête de groupe que « se décideront un certain nombre d’investissements importants, comme ceux dans les nouvelles technologies », explique François Venturini. Un premier investissement doit être prochainement annoncé dans une start-up spécialisée dans la télémédecine. Les promoteurs de VYV voient déjà plus loin. « Derrière ce projet, il y a l’idée à plus long terme de créer un grand pôle de l’économie sociale, qui engloberait aussi des mutuelles d’assurance », avance François Venturini.
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