LAURENT THÉVENIN
AXA A LANCÉ UN PREMIER CONTRAT D’ASSURANCE UTILISANT CETTE TECHNOLOGIE. LES ASSUREURS TRAVAILLENT À UNE SOLUTION DE PLACE POUR FLUIDIFIER LES PROCESSUS DE CHANGEMENT DE CONTRATS.
La « blockchain » commence à arriver dans l’assurance. AXA a ainsi dévoilé la semaine dernière une première offre pour les particuliers utilisant cette technologie émergente pour couvrir les passagers aériens en cas de retard de leur vol.

Concrètement, les voyageurs ayant souscrit cette

assurance de type paramétrique
– pour l’instant testée sur les vols directs entre Paris Charles de Gaulle et les Etats-Unis – seront indemnisés « directement et automatiquement » pour tout retard de plus de deux heures. La couverture achetée est en effet enregistrée dans la « blockchain » Ethereum – un registre informatique public et décentralisé de transactions qui permet l’exécution de contrats intelligents ou « smart contracts ». Cette dernière est elle-même raccordée aux bases de données du trafic aérien. « AXA ne décide plus s’il doit indemniser ou non le consommateur. C’est le “smart contract” dans la “blockchain” qui déclenche le paiement. L’intérêt est que cela apporte de la confiance au consommateur », explique Laurent Benichou, directeur de la R&D chez AXA.
Cette première offre était « le cas d’usage le plus facile, car il y avait une base de données disponible ». Mais, selon lui, la « blockchai »n ouvre la voie à d’autres assurances paramétriques, et donc à de nouvelles sources de revenus.

Au-delà, les assureurs explorent de nombreuses applications possibles de la « blockchain ». En France, ils travaillent ainsi à une solution de place pour fluidifier les processus de changement de contrats dans le cadre de la loi Hamon facilitant la résiliation en assurances automobile et habitation. « Cette première application doit être présentée prochainement », confirme

Virgine Fauvel, membre du comité exécutif d’Allianz France
, en charge de l’unité numérique et market management, et présidente de la commission numérique de la Fédération française de l’assurance.
Tiers de confiance
« Là où la “blockchain” a le plus de valeur, c’est pour tous les cas de figure nécessitant l’intervention d’un tiers de confiance et dès lors qu’il y a un transfert de données entre plusieurs interlocuteurs », ajoute-t-elle. Alors qu’Allianz France a commencé à se servir de la « blockchain » en interne dans son processus budgétaire pour tracer ses propres dépenses, l’assureur réfléchit à une première application concrète pour ses clients.

« L’assurance se prête bien à l’utilisation de la “blockchain” parce qu’il n’y a pas encore de plates-formes permettant de sécuriser et de fluidifier les échanges de données critiques entre les assureurs, les courtiers, les régulateurs et les clients finaux. Les systèmes informatiques des différents acteurs restent en effet très cloisonnés », fait valoir Nicolas Julia, directeur des opérations chez

Stratumn, une start-up qui développe des réseaux de « blockchain » de place.
Cette jeune pousse travaille par exemple sur des applications pour la lutte contre la fraude à l’assurance ou pour des solutions permettant aux compagnies de faire face aux obligations de la loi Eckert sur les contrats d’assurance-vie en déshérence.
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