L. BOI ET P. FAY
Depuis la crise financière, c’est une première. Les actifs totaux des 300 plus importants fonds de pension mondiaux ont reculé de 3,4 % en 2015. Ils s’élèvent à 14.800 milliards de dollars, selon une étude réalisée par Willis Towers Watson, en partenariat avec le journal américain « Pensions & Investments ». Un changement de tendance brutal alors qu’en 2014, ils avaient augmenté de plus de 3 %. En dépit de ce repli, la croissance cumulée depuis 2008 atteint près de 19 %.
Que s’est-il passé ? D’abord les fonds de pension sont à leur tour rattrapés par la baisse des taux d’intérêt dans le monde. Il devient de plus en plus difficile de dégager des rendements. A ce petit jeu, les plus gros s’en sortent mieux, malgré une taille qui aurait pu les rendre moins réactifs. Les fonds du Top 20 ont en effet vu leurs actifs diminuer de seulement 2,2 %. Conséquence, ils détiennent maintenant 40 % du total des actifs gérés.
Incertitude
Outre les taux bas, le ralentissement de la croissance dans les pays émergents et l’appréciation du dollar contre les autres devises ont contribué à ce premier repli depuis 2008. Sur les 20 premiers fonds de pension, 13 ont aussi indiqué que leur moins bonne performance provenait de l’incertitude qui a régné, pendant cette période, sur les marchés financiers. Ils ont mis aussi en avant la croissance moins forte que prévu en Chine, l’éternel repli des cours du pétrole et la politique de la banque centrale américaine qui n’a remonté ses taux qu’une fois en neuf ans. La baisse du dollar a notamment pesé sur la croissance des fonds de pension brésiliens, japonais et sud-africains.
Cette baisse des actifs gérés par les plus grands fonds de pension pourrait-elle représenter un danger pour le financement des retraites futures ? Sept fonds ont exprimé leur inquiétude face au vieillissement de la population et face à la hausse de l’espérance de vie. Si la politique monétaire de taux bas se poursuivait, cela ne serait pas de bon augure. Dans le contexte de taux bas, les fonds de pension, qui ont un horizon de long terme, sont d’ailleurs poussés à prendre plus de risque. Les 20 plus gros fonds sont investis en moyenne à 40,8 % en actions et à 39 % en obligations. A court terme, cela peut aussi peser sur leurs performances, à l’instar du GPIF japonais qui a perdu 52 milliards de dollars en un an, après avoir décidé d’augmenter le poids des actions dans son portefeuille. Sa pire performance depuis 2001.
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