ELSA CONESABUREAU DE NEW YORK
LE PROCÈS DE HANK GREENBERG S’EST OUVERT MARDI. A QUATRE­VINGTONZE
ANS, L’EX­PATRON D’AIG, DÉBARQUÉ JUSTE AVANT LA CRISE, A
TOUJOURS REFUSÉ DE TRANSIGER.
C’est le procès de l’âge d’or de la finance, celui d’avant la crise, lorsque le procureur Eliot
Spitzer ambitionnait de faire plier les géants de Wall Street alors tout puissants. Mardi, s’est ouvert
à New York, le procès de Hank Greenberg, le légendaire patron de l’assureur AIG, mis en cause
au milieu des années 2000, après que son groupe eût réalisé des opérations destinées à maquiller
ses comptes.
Plus de dix ans après les faits, ce vétéran de la Seconde Guerre mondiale âgé de quatre­vingt
onze ans est plus têtu que jamais. Débarqué juste avant que la crise n’oblige le gouvernement à
injecter 185 milliards de dollars pour sauver AIG, Hank Greenberg refuse de transiger. Il a toujours
estimé qu’Eliot Spitzer, le « monsieur propre » de la finance, utilisait l’affaire comme un marchepied
vers le poste de gouverneur de l’Etat de New York, auquel il fut effectivement élu en 2007. Sa mise
en accusation suscita tant d’indignation dans l’industrie financière que le président de Goldman
Sachs se fendit d’une tribune dans le « Wall Street Journal » pour prendre sa défense.
Le procès devrait offrir à l’ancien dirigeant l’occasion de défendre son bilan, ce qu’il fait
continûment depuis dix ans. Celui qui pilota AIG pendant près de quarante ans, transformant un
obscur assureur en groupe mondial, n’a cessé depuis son départ de chercher à réécrire l’histoire,
critiquant la gestion du sauvetage du groupe en 2008. Provocateur, Greenberg alla même jusqu’à
poursuivre l’Etat fédéral en l’accusant d’avoir indûment mis la main sur AIG, et gagna, même s’il
n’obtint pas les 40 milliards de dollars qu’il réclamait.
, a expliqué
Anthony Sabino, professeur de gestion à la St. John’s University School of Law à New York.
.
« C’est une bagarre très personnelle pour lui, il essaie de sauver son héritage
Il
essaie d’en faire un cas d’école pour montrer qu’il faut laisser les entreprises tranquilles »
Pour le procureur de l’Etat de New York ­ le troisième depuis Eliot Spitzer ­ l’objectif est moins
d’obtenir des dommages et intérêts pour les actionnaires que d’obtenir une sanction exemplaire contre Hank Greenberg, en lui interdisant d’exercer un nouveau mandat de dirigeant ­ ce qui reste
hypothétique vu son âge ­ et surtout en le contraignant à rendre une partie des bonus touchés
pendants la période. S’il était condamné, Hank Greenberg pourrait ainsi devoir restituer plusieurs
millions de dollars.
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