Les catastrophes naturelles coûtent très cher aux pays qui les subissent et plus qu’on ne croit. « Elles peuvent conduire à un abaissement de la note des Etats », affirme une étude de Standard & Poor’s, la première du genre réalisée par l’agence internationale de notation. Conséquence, ces Etats, lorsqu’ils empruntent sur les marchés financiers, le font dans des conditions moins favorables. A plus forte raison ceux qui, dans les cas extrêmes cités par S&P, ont été amenés à subir une dégradation de leur note de plus de deux crans.

Des quatre catégories de cataclysmes analysées, ce sont les séismes, suivis des ouragans, typhons et cyclones, qui menacent le plus la solvabilité des pays. Viennent ensuite les tempêtes et les inondations, qui font moins de dégâts et ne sont pas aussi sélectifs quant à leur cible. De fait, les pays les moins riches de la planète apparaissent comme les plus exposés aux catastrophes naturelles dont le nombre, en l’espace d’un demi-siècle, a plus que doublé.

Amérique latine et Caraïbes en première ligne

La notation des Etats d’Amérique latine et de la zone Caraïbes est la plus sensible à ce type de menaces, devant l’Asie. La République dominicaine se place en tête du Top 10 établi sur ce registre particulier par S&P. Le risque lié aux inondations et aux tempêtes tropicales à répétition lui coûte 2,5 points sur sa note. Le Chili paie au prix fort (2,4 points) son exposition « privilégiée » aux phénomènes sismiques, comme le Japon (2,1 points) et le Costa Rica (1,8 point). Hors zone Pacifique, c’est sur la qualité de la dette de la Turquie que ce risque pèse le plus (1,3 point).

Comment ces pays peuvent-ils atténuer cet impact financier ? Tout simplement en s’assurant. La note des pays touchés par les cinq plus grands tremblements de terre étudiés par les experts de S&P aurait reculé d’un point, et non pas deux, si la moitié des dommages qu’ils ont provoqués avaient été couverts, affirment-ils. Les pays émergents et les pays en développement ne sont pas seulement ceux pour qui les conséquences économiques de ces catastrophes sont les plus lourdes. En général, leur taux d’assurance est également assez faible.

 

L’effet des inondations sur la note des Etats, sans être négligeable, est relativement minime. En Europe, ce facteur n’a encore joué qu’en Hongrie. L’effet des tempêtes hivernales qui frappent régulièrement le Vieux Continent n’est pas non plus jugé significatif. Le taux d’assurance de ces économies est important et les dégâts causés, plutôtfaibles. Mais cette situation pourrait changer. Ces événements météorologiques « pourraient gagner en intensité en raison du réchauffement climatique », considère Moritz Kraemer, analyste chez S&P.

Les catastrophes naturelles sont rarement la cause principale d’une note en baisse. S&P cite un cas, celui de l’île de la Grenade, ravagée en 2004 par un ouragan. En 2011, un mois après le tsunami qui avait frappé le Japon et la catastrophe de Fukushima, très lourde à porter au plan économique, la note du pays avait été abaissée à « AA- ». 

Joël Cossardeaux, Les Echos