Ce sont des perspectives qui devraient pousser les assureurs à faire une cour assidue aux femmes. D’après une étude menée conjointement par AXA, l’IFC-Banque Mondiale et Accenture et publiée mercredi, le marché des femmes représenterait une opportunité « de 1.000 milliards de dollars » pour l’industrie de l’assurance. Entre 2013 et 2030, celui-ci pourrait, au minimum, doubler de taille pour atteindre entre 1.452 milliards de dollars et 1.701 milliards de primes (entre 1.288 et 1.508 milliards d’euros).

La croissance attendue est encore plus forte dans les dix marchés émergents (Brésil, Chine, Colombie, Inde, Indonésie, Nigeria, Maroc, Mexique, Thaïlande et Turquie) scrutés dans l’étude. Le volume de primes apportées par les femmes pourrait ainsi y être 6 à 9 fois plus important en 2030 qu’il ne l’était en 2013. A eux seuls, ces dix pays pourraient représenter la moitié du marché mondial de l’assurance des femmes, avec un volume de primes pouvant atteindre jusqu’à 874 milliards de dollars.

Elargissement des besoins

« La part croissante des femmes diplômées de l’enseignement supérieur, des femmes qui travaillent, qui gèrent ou possèdent une entreprise et des femmes qui accèdent à des niveaux supérieurs de revenus conduit à un changement et à un élargissement de l’éventail des besoins de protection », détaille Denis Duverne, directeur général délégué d’AXA. Le groupe a d’ailleurs noué l’an dernier un partenariat avec l’International Finance Corporation (IFC) afin notamment de favoriser l’assurance pour les femmes dans les marchés émergents.

« Un rôle clef »

Si les catalyseurs ne manquent pas pour favoriser l’essor de ce marché (lire ci-dessous), le secteur de l’assurance a jusqu’ici « en grande partie négligé les femmes comme segment de clientèle stratégique », reconnaît AXA. L’assureur français n’a lui-même que quelques initiatives à faire valoir en la matière, comme la vente de contrats spécifiques pour des femmes entrepreneurs au Mexique. « C’est un marché que nous devons mieux cibler », confirme Denis Duverne.

 L’enjeu est de taille car « les femmes ont un rôle clef dans toutes les décisions concernant la famille, les dépenses en matière d’habitation, de santé, de prévoyance ou d’éducation », insiste-t-il. D’après cette étude, il y aurait un autre intérêt à gagner ces clientes « de valeur ». Elles seraient moins enclines à des comportements frauduleux et plus fidèles vis-à-vis de leurs assureurs que les hommes. Attrait supplémentaire, elles auraient un fort pouvoir de prescription auprès de leur entourage.

Pour les séduire, les assureurs auraient intérêt à compter davantage de femmes dans leurs forces de vente. Chez AXA en Asie, il y aurait ainsi une corrélation « positive » entre la féminisation des réseaux de distribution sur le terrain et le pourcentage de clientes.