L’indice des prix mesuré par l’Insee fait à nouveau état d’une inflation nulle sur un an. Et celle-ci devrait devenir négative dans les prochains mois en raison de la faiblesse des cours du pétrole. Cela n’empêche pas les prestations sociales de continuer de progresser sensiblement, en tout cas plus vite que les prix et plus vite que le PIB. Les remboursements de l’assurance-maladie augmentent en particulier de 4 à 5 milliards d’euros par an, soit une hausse supérieure à 2 %, en dépit du ralentissement observé ces dernières années. Le gouvernement a fixé à juste titre des objectifs plus stricts pour 2016 et 2017, mais ceux-ci risquent d’être dépassés si l’exécutif ne passe pas la vitesse supérieure en matière de restructuration de l’offre de soins. D’autant que se profile une négociation, périlleuse pour les finances publiques, sur les tarifs des médecins libéraux. Dans son rapport annuel sur la Sécurité sociale, la Cour des comptes démontre que les réformes entreprises ont eu un effet marginal et que des gisements d’économies considérables subsistent, sans mettre en péril l’accès aux soins et la prise en charge collective. La France se distingue toujours par une place de l’hôpital plus importante que dans les autres grands pays industrialisés : le nombre d’établissements a certes diminué depuis vingt ans, mais le bilan des réorganisations récentes est décevant. La répartition géographique des professionnels de santé libéraux reste aussi particulièrement problématique. Après les médecins, c’est au tour des infirmiers libéraux et des kinésithérapeutes de se faire épingler. La Cour constate une envolée des dépenses là où la densité de professionnels est plus importante et l’apparition de dépassements tarifaires du côté des kinés. A l’heure de la réforme des régions, il serait urgent de renforcer le pilotage et la régulation de l’offre de soins, hospitaliers comme libéraux, à cette échelle. Il ne s’agit pas de remettre en cause notre modèle d’assurance-maladie, mais tout simplement de le rendre soutenable financièrement alors qu’il a cumulé plus de 100 milliards d’euros de dettes depuis 2004 ! Contrairement aux idées reçues, du reste, la part des dépenses prises en charge par la Sécurité sociale ne diminue pas, elle a même à nouveau progressé en 2014. Le déficit de l’assurance-maladie n’est donc pas une fatalité, mais plutôt une commodité. Le gouvernement actuel a su diviser par deux le déficit du régime général de la Sécurité sociale depuis le début de la législature. Mais la branche maladie reste encalminée. Un retour à l’équilibre serait possible rapidement par le biais d’une régulation ambitieuse du système de soins.