Frédéric Van Roekeghem a trouvé son point de chute. Le directeur général de la Caisse nationale d’assurance-maladie des travailleurs salariés (Cnamts), dont le mandat s’achève le 18 novembre, va prendre la tête de MSH International, la filiale spécialisée en assurance-santé du groupe Siaci Saint Honoré. Une société qui cible les salariés des entreprises et des organisations internationales.

« Il laissera l’image d’un grand directeur considéré comme tel par le réseau », estime un dirigeant syndical. Frédéric Van Roekeghem a profondément réformé le système de santé en dix ans. Le directeur du principal régime d’assurance-maladie, qui est nommé d’office directeur général de l’Union nationale des caisses d’assurance-maladie (Uncam), est souvent considéré comme le ministre bis de la Santé. Juste avant de prendre ce poste, il avait d’ailleurs été le directeur de cabinet de Philippe Douste-Blazy, alors ministre de la Santé, et l’inspirateur de la réforme de l’assurance-maladie de 2004 (médecin traitant, Haute Autorité de santé, etc.). C’est le patron de la Cnamts qui mène les négociations avec les professions médicales pour fixer les conventions d’objectifs et de moyens pluriannuelles – même si l’exécutif influe en coulisses.

Avec lui, la politique de maîtrise des dépenses d’Assurance-maladie est allée plus loin dans un contexte de lourds déficits. Ainsi, l’objectif de dépenses (Ondam) est au plus bas, et doit continuer à décroître jusqu’en 2017 à + 1,9 %. « N’en déplaise à la Cour des comptes, avec Frédéric Van Roekeghem l’objectif a été respecté », souligne le syndicaliste.

Il a modernisé le système d’information de la Caisse. Il a aussi introduit de nouveaux modes de rémunération des professionnels de santé, jusque-là exclusivement payés à l’acte, les premiers forfaits dès 2004 et, surtout, la rémunération sur objectifs de santé publique. Autre réussite, l’accord avec les infirmiers et les kinésithérapeutes, qui comprend des aides à l’installation dans les zones sous-équipées, mais aussi un gel des installations en zone suréquipée. En revanche, il n’a pas réussi à imposer la même règle aux médecins et la négociation sur les dépassements d’honoraires de 2012 n’a pas eu les résultats escomptés. Le « parcours de soins » n’a pas non plus été appliqué comme prévu.

Plusieurs noms ont circulé pour le remplacer. Michel Yahiel, conseiller social à l’Elysée, n’est pas candidat. Reste Bruno Maquart, directeur de cabinet de Marisol Touraine, d’Emmanuelle Wargon, déléguée générale à l’emploi et à la formation professionnelle et Christophe Devys, l’ex-conseiller social de Jean-Marc Ayrault. 

S. G., Les Echos