Le choc s’annonce violent pour les mutuelles relevant du Code de la mutualité. Selon une étude de Sia Partners, l’ANI (accord national interprofessionnel), c’est-à-dire la généralisation de la complémentaire santé d’entreprise, leur fera perdre au total 2,1 milliards d’euros de cotisations. Ce qui équivaut à « une contraction de 10 % de leurs parts de marché », ajoute le cabinet de conseil. « Largement positionnées sur le marché de l’individuel, elles devront réinventer leur modèle économique », constate Sia Partners, alors que l’ANI va entraîner, d’ici au 1er janvier 2016, la bascule de millions de salariés aujourd’hui assurés à titre individuel vers des contrats collectifs. Mais, ajoute-t-il, « la réorganisation et les frais de gestion induits par un tel changement ne sont pas toujours à la portée des mutuelles », surtout des plus petites d’entre elles. Ce qui augure donc des rapprochements, des fusions et des alliances en pagaille.

Si le nombre de mutuelles se réduit à vitesse grand V depuis des années déjà, le secteur reste très éparpillé. Fin 2012, selon les statistiques de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), on en comptait encore 630, dont 202 dites « substituées » pour lesquelles le risque financier est porté par une autre mutuelle. D’après Sia Partners, leur nombre devrait fondre de moitié à l’horizon 2016. Et, en 2018, il ne devrait plus y avoir que 100 mutuelles non substituées, soit quatre fois moins qu’à fin 2012. Sur les 200 mutuelles encaissant moins de 20 millions d’euros de cotisation, seule une cinquantaine devrait être encore là dans cinq ans.

« Si ces rapprochements s’accélèrent, ceux-ci ne constituent pas en soi une menace pour les petites mutuelles, mais bien une opportunité de valoriser une expertise, un segment de population et un savoir-faire auprès de regroupements déjà établis », analyse Sia Partners. Selon le cabinet de conseil, les groupes de protection sociale (GPS) «  seront les principaux acteurs du mercato des mutuelles dans les trois prochaines années ». « Des unions entre mutualistes et groupes de protection sociale paraissent naturelles, car elles permettent d’assurer les individus tout au long de leur vie en exploitant au mieux l’ensemble des sorties de contrats collectifs et de profiter du maillage territorial des mutuelles », estime Sia Partners. Autant d’arguments qui avaient été avancés par La Mutuelle Générale (la troisième mutuelle française) et Malakoff Médéric (l’un des principaux GPS) quand ils ont présenté leur projet de rapprochement début septembre.