Mieux qu’un rebond, c’est une flambée. L’assurance-vie vient de signer une performance inédite depuis juillet 2010, selon les chiffres publiés par l’Association française de l’assurance (AFA). La collecte nette du mois de juillet (qui correspond aux dépôts des épargnants moins les retraits) est loin des 6,3 milliards d’euros d’il y a quatre ans, mais a atteint tout de même 3,9 milliards d’euros. C’est bien mieux que les mois précédents : en mai et en juin 2014, la collecte nette avait tout juste dépassé le milliard d’euros.

D’un mois sur l’autre, les retraits restent dans les mêmes proportions, entre 8 et 10 milliards d’euros ces derniers mois. En revanche, les cotisations – c’est-à-dire les dépôts – ont connu une envolée spectaculaire en juillet et viennent largement expliquer le phénomène. Les épargnants ont ainsi déposé 13,5 milliards en juillet, soit 3,5 milliards de plus qu’au mois précédent. Ce niveau de cotisation est inédit depuis juin 2010 !

Le Livret A sanctionné

Le bonheur de l’assurance-vie fait le malheur de l’épargne réglementée. Pendant que les épargnants retrouvent le chemin de l’assurance-vie, ils tournent ostensiblement le dos au Livret A, autre « chouchou » traditionnel de l’épargne. En juillet, et pour le troisième mois d’affilée, les retraits des épargnants ont été supérieurs aux versements, débouchant sur une collecte nette négative de 1,08 milliard d’euros. Les épargnants ont ainsi anticipé la baisse de rémunération du Livret A, passé de 1,25 % à 1 % au 1er août. En face, les fonds en euros de l’assurance-vie ont servi 2,8 % en moyenne l’an dernier (avant impôts).

Baisse de rémunération

L’arbitrage paraît donc évident aujourd’hui pour qui cherche à la fois du rendement et de la sécurité. Sauf que l’assurance-vie aura de plus en plus de mal à conserver ce niveau de rémunération à l’avenir. La collecte des fonds en euros est en effet investie en bonne part en obligations d’Etat, dont la rémunération plonge. La France emprunte désormais à 10 ans, à 1,31 %, son plus bas historique. Du coup, les épargnants cherchent à muscler leur jeu, optant de plus en plus pour les unités de compte (dont les placements sont plus diversifiés que le fonds en euros). Celles-ci représentent 17 % de la collecte « ce qui constitue le meilleur résultat enregistré depuis le mois de juillet 2009Ce choix peut apparaître surprenant au regard de la stagnation des cours sur le marché actions », souligne l’économiste Philippe Crevel. Les épargnants ont rarement un coup d’avance. 

Edouard Lederer, Les Echos