Les discussions sur les tarifs de la réassurance pour 2014 devraient s’ouvrir sous la pluie dimanche à Monte-Carlo lors des traditionnels Rendez-vous de septembre. En l’état actuel, le ciel semble déjà plutôt bouché pour les réassureurs. Ceux-ci auront du mal à faire valoir des arguments pour demander des prix en hausse à leurs clients assureurs et aux courtiers.

Comme le soulignent à l’unisson les grandes agences de notation, le secteur a su faire preuve de « résilience ». En 2012, son ratio combiné (c’est-à-dire l’indicateur de rentabilité) s’est amélioré à 88,1 % en moyenne pour un rendement des fonds propres (RoE) de 14,4 %, d’après les statistiques de Standard & Poor’s. Les réassureurs ont encore pu renforcer leurs capitaux, qui atteignaient 510 milliards de dollars à fin juin, soit une hausse de 1 % sur un an, selon les données du courtier Aon Benfield. Du coup, les capacités disponibles sont particulièrement abondantes alors même que les réassureurs ont en face d’eux des assureurs qui ont désormais tendance à conserver davantage de risques. En outre, les autres formes de protection offertes par les marchés financiers (obligations catastrophes, « side car », etc.) tournent à plein régime et suscitent une forte demande de la part des investisseurs. Entre juin 2012 et avril 2013 quelque 10 milliards de dollars de capitaux alternatifs ont ainsi afflué sur le marché, souligne Moody’s.

« Ce niveau accru de concurrence devrait encore plus faire pression sur les tarifs, note Standard & Poor’s. Le niveau relativement modéré des catastrophes naturelles au premier semestre (17 milliards de dollars de pertes assurées, selon Swiss Re) n’appelle pas non plus à une hausse des tarifs. A l’exception des programmes sinistrés, les renouvellements de janvier et avril 2013 s’étaient déjà soldés par des prix stables, voire en baisse. Ceux de juin et juillet avaient pu déboucher sur des baisses parfois importantes sur certains programmes aux Etats-Unis.

Pour Fitch, « la fragmentation des prix va persister » pour les renouvellements de janvier 2014, mais avec « un assouplissement » plus généralisé. « Les prix seront au mieux stables », anticipe Lotfi Elbarhdadi (S&P). Cette situation concourt en tout cas à « faire monter la pression » sur le marché de la réassurance, comme l’explique S&P, qui s’attend à de plus mauvais résultats à l’avenir. L’agence de notation pronostique une détérioration du ratio combiné du secteur dès cette année, à 91,8 %, et plus encore en 2014 (à 95,3 %).

Quant à la rentabilité des fonds propres, elle est, elle aussi, attendue nettement à la baisse, à 11,8 % en 2013 et 7,6 % en 2014 du fait de l’environnement de taux bas qui pèse sur le résultat des produits financiers.

Laurent Thévenin