Les particuliers français seraient-ils schizophrènes dès qu’il s’agit de placements financiers ? Selon une enquête mondiale réalisée par Natixis Global Asset Management (NGAM) avec Core Data, ils sont 57 % à déclarer que la valorisation de leur patrimoine constitue une priorité par rapport à la préservation du capital, tout en déclarant à 80 % qu’ils privilégient la sécurité au détriment de la performance. «  Ce paradoxe correspond au comportement des Français : la plus grande partie de leurs investissements est très largement désensibilisée des aléas des marchés, comme l’assurance-vie ou le livret A par exemple », explique Christophe Point, directeur commercial de NGAM France. Ils sont à peine 33 % à vouloir prendre plus de risques contre 44 % au niveau mondial et 37 % en Europe. Au Moyen-Orient, ce chiffre monte même à 57 %.

Plusieurs raisons peuvent expliquer le décalage français et européen. D’abord un manque de connaissance des marchés et des placements financiers. Ils sont 80 % en Europe à juger avoir une « connaissance limitée » en la matière, surtout sur les placements décorrélés (qui n’obéissent pas aux mêmes règles que les actions ou les obligations). Ensuite, les Français privilégient aussi souvent le conseil fiscal plutôt que le conseil en investissement. Ils seraient plus inquiets de voir leur rendement altéré par le fisc que par le marché. «  Les investisseurs français sont plus intéressés par des conseils fiscaux que par des conseils de placements », explique Christophe Point. Enfin, ils ressentent moins le besoin d’investir sur les marchés financiers pour préparer leur retraite. Ceux qui le font sont en outre 79 % à penser que leur stratégie leur procurera des revenus stables à la retraite. « On peut être critique sur le système de retraite français, la réalité est qu’une fois que les Français sont à la retraite, cette dernière est globalement stable, non impactée par les aléas de marché. Aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni c’est exactement l’inverse avec des produits comme le 401K qui obligent les Américains à être investis dans les actions ou les taux et à s’intéresser aux marchés régulièrement », explique Christophe Point.

Enfin, les Français passent peu de temps à s’intéresser à leur portefeuille de placements. Ils le font à 53 % lorsqu’il s’agit d’investir dans des actifs très importants, comme l’immobilier ou les travaux d’amélioration de la maison. Mais ils sont 47 % à déclarer passer plus de temps à planifier leurs vacances ou encore 26 % à passer davantage de temps à faire du shopping sur Internet qu’à gérer leurs placements.