Rien à faire… L’assurance-vie n’arrive toujours pas à retrouver durablement les faveurs des épargnants en 2013, même si elle s’en sort beaucoup mieux que l’an passé. Le mois dernier, ils n’ont versé que 7,1 milliards d’euros sur leurs contrats d’assurance-vie, soit le plus faible montant depuis août 2012 (6,2 milliards d’euros), selon les chiffres publiés hier par l’Association française de l’assurance (AFA). L’embellie constatée en juillet (11,6 milliards d’euros collectés) n’aura donc duré qu’un mois.

En soi, le mois d’août marque traditionnellement un creux en termes de cotisations. Mais cet été, la baisse de rendement du Livret A – qui ne rapporte plus que 1,25 % depuis le 1er août – pouvait laisser augurer d’un possible petit appel d’air en faveur de l’assurance-vie. Mais, comme le Livret A (à peine 50 millions d’euros de collecte nette), l’assurance-vie n’a pas connu un bon mois d’août. « Ce relâchement de l’effort d’épargne s’explique par la situation financière des ménages. Ils ont arbitré en faveur de la consommation. La baisse du revenu disponible des ménages avec, en filigrane les augmentations d’impôt, les conduisent à moins épargner », analyse Philippe Crevel, secrétaire général du Cercle des épargnants.

A contrario, l’évolution des rachats va plutôt dans le bon sens pour les assureurs. Comme le souligne le Groupement des entreprises mutuelles d’assurance (Gema), ils ont reculé de 13 % sur les huit premiers mois de l’année. Résultat, en août, les sommes versées aux épargnants (retraits, avances, prestations décès) ont été au plus bas depuis un an, à 7 milliards d’euros.

Au final, la collecte nette (cotisation moins retraits et prestations) a été tout juste positive en août, à 100 millions d’euros. Elle fait du Yo-Yo depuis quelques mois (+ 1,9 milliard d’euros en juillet, – 300 millions d’euros en juin et 200 millions en mai). Sur les huit premiers mois de l’année, la collecte nette atteint 9,7 milliards d’euros, très loin des niveaux d’il y a quelques années (42 milliards en 2010).

Pour les assureurs, il reste toujours aussi difficile de prévoir la suite des événements. D’autant plus qu’ils sont dans l’attente des arbitrages définitifs de Bercy sur le futur produit d’assurance-vie euro-croissance, désormais attendus pour la loi de Finances rectificative. Comme suggéré par le rapport Berger-Lefebvre sur l’épargne financière, il s’agira d’un produit investi en titres d’entreprise, qui doit offrir une meilleure espérance de rendement que les fonds en euros, mais qui ne garantira le capital qu’à une certaine échéance. Tout l’enjeu actuel est de savoir comment le gouvernement s’y prendra pour diriger les épargnants vers ce produit. Les assureurs ne veulent pas entendre parler d’un seuil au-delà duquel les contrats en euros ne bénéficieraient plus de l’avantage fiscal – le rapport Berger-Lefebvre évoque la barre des 500.000 euros d’encours par ménage. « Si la réforme de l’assurance-vie est trop contraignante, la collecte pourrait s’en ressentir », prévient Jean-Luc de Boissieu, le secrétaire général du Gema.

La réforme du calcul des prélèvements sociaux sur les produits de placement annoncée hier devrait ajouter à l’incertitude ambiante.

Laurent Thévenin