On se frotte les yeux pour y croire. L’assureur allemand Talanx songe cette fois très sérieusement à aller en Bourse. La semaine dernière encore, il avait annulé l’opération lancée publiquement début septembre, faute de s’entendre avec les investisseurs sur la valorisation du groupe. Des discussions « intensives » ont depuis été menées avec le consortium de banques chargées d’accompagner le projet, ce qui a conduit le directoire à ce nouveau volte-face. En clair, Herbert Haas, le président du directoire, a dû faire un geste substantiel envers les investisseurs. Les choses ne devraient désormais plus traîner. Les actions doivent être introduites sur le parquet de Francfort dès le 2 octobre, a expliqué hier le troisième assureur allemand.

Des prétentions abaissées

La raison de ce retournement inattendu est justifiée, selon la compagnie de Hanovre, par le « grand intérêt » des marchés de capitaux pour l’action. Reste que la maison mère d’Hannover Re a dû abaisser ses prétentions. L’entrée en Bourse doit rapporter 500 millions d’euros, contre 700 millions prévus initialement. Le prix proposé par action oscillera entre 17,30 et 20,30 euros, en visant un maximum de 29 millions de titres à émettre. Cela valorise l’assureur entre 4,4 et 5 milliards d’euros. « Ce n’est pas notre valorisation souhaitée, mais nous pouvons nous en contenter », a déclaré hier Herbert Haas. Le partenaire japonais dans l’assurance-vie, Meiji Yasuda, va de son côté convertir 300 millions d’obligations qu’il détient en actions.

La résurgence subite du projet a aussi des conséquences sur le consortium des banques. Deutsche Bank prend la tête des opérations de placement avec la Berenberg Bank tandis que Citi et JP Morgan ont été rétrogradés au second rang. A l’issue de l’opération, le flottant doit représenter 11,5 % du capital de la compagnie. Trop peu pour permettre à Herbert Haas de voir la compagnie grimper rapidement dans l’indice MDAX des valeurs moyennes. Le produit de l’entrée en Bourse doit rembourser une partie de la dette et financer des acquisitions.

J.-Ph. L., Les Echos