Après la tentative de réforme engagée sous le mandat de Nicolas Sarkozy, et rapidement avortée, les pouvoirs publics peinent toujours à se saisir du sujet de la dépendance. Une préoccupation pourtant majeure dans une société vieillissante. Selon l’Insee, le nombre de personnes dépendantes – assimilées aux bénéficiaires de l’aide personnalisée d’autonomie (APA) -devrait augmenter de 60 % d’ici 2040, pour atteindre 1,6 million contre 1,2 million en 2011.

Mais cette aide publique, versée par les conseils généraux, est loin de couvrir la totalité des frais engendrés par la dépendance. En cas de prise en charge à domicile de la personne âgée, l’APA représente en moyenne 498 euros alors que le coût total s’élève à 1.800 euros par mois, dont 302 euros restent à la charge des familles. En cas de placement en maison de retraite, l’APA ressort à 413 euros pour un coût moyen de 2.500 euros mensuels, dont 887 euros pris en charge par les conjoints ou enfants.

Compte tenu de l’insuffisance du dispositif public, les sociétés d’assurances s’emparent de la problématique. 5,5 millions de personnes étaient ainsi couvertes par un contrat dépendance en France à la fin 2010 (dépendantes et « aidants »), dont 29 % par une société d’assurances. En tête, Predica, qui a lancé sa première offre en 2001, détient 21 % de part de marché devant Groupama et AG2R. En 2011, la filiale de Crédit Agricole Assurances a perçu 83 millions d’euros de cotisations, ce qui fait d’elle le premier acteur du marché. Avec déjà 174.000 contrats en portefeuille, elle lance en septembre une nouvelle offre destinée aux personnes âgées et à leur entourage. Objectif affiché : parvenir à 50 % de part de marché à l’horizon 2013.

«  Dans le contexte financier actuel, nous ne pouvons imaginer qu’un dispositif public réponde aux besoins de tous, assure Jérôme Grivet, directeur général de Crédit Agricole Assurances. Les aides publiques sont conditionnées au niveau de ressources, et donc pour une frange de la population, partiellement couverte, il est nécessaire de s’assurer un complément de revenu. »

Rente mensuelle non imposable

Le nouveau contrat, baptisé « Vers l’autonomie », prévoit ainsi de verser aux assurés une rente non imposable, comprise entre 500 et 3.000 euros par mois, ainsi qu’un capital équipement de 5.000 euros destiné à aménager leur logement dès que la dépendance a été reconnue médicalement. En cas d’obligation de placement en maison de retraite, les clients assurés seront prioritaires auprès des établissements partenaires du Crédit Agricole, tels qu’Orpea et Korian.

Predica met aussi l’accent sur les « aidants », une population estimée à 4 millions de Français, et de plus en plus courtisée par les assureurs. «  S’occuper d’une personne dépendante prend environ cinq heures par jour. Pour les aidants, dont 70 % occupent un emploi, cela peut s’avérer très lourd », souligne Bruno Carles, directeur général adjoint de Predica. Avec le nouveau contrat, ceux-ci recevront jusqu’à 1.000 euros par an afin que des services prestataires puissent prendre le relais. L’offre sera distribuée par les caisses régionales du Crédit Agricole, à commencer par une trentaine d’agences en 2012.

AURÉLIE ABADIE