Comme prévu, les grands réassureurs mondiaux ne sont pas venus cette année aux traditionnels Rendez-vous de septembre à Monte-Carlo pour demander à leurs clients assureurs et à leurs courtiers des hausses de tarifs franches et généralisées pour 2013.

Entre l’absence de catastrophes naturelles majeures depuis le début de l’année et la surabondance de capacités disponibles sur le marché, ils savent leurs marges de manoeuvre limitées. D’où les discours très réalistes délivrés sur le Rocher depuis dimanche : Munich Ré s’attend à des prix généralement stables pour les renouvellements du 1 er janvier, tandis que Swiss Re anticipe des augmentations tarifaires « modérées ». Chez SCOR, la tendance est à la stabilité, voire à de légères hausses.

D’après Hannover Re, il serait possible d’obtenir de nouvelles majorations, « mais elles seront moins fortes qu’en 2012 », a précisé hier Ulrich Wallin, son directeur général. Comme toujours à pareille période de l’année, la prudence est néanmoins de mise alors que la saison des ouragans aux Etats-Unis ou un événement de dernière minute peuvent toujours rebattre les cartes.

Souscriptions disciplinées

Pour les quatre groupes européens, l’essentiel est surtout d’être toujours plus disciplinés en matière de souscriptions et, donc, de se focaliser sur les résultats techniques, condition sine qua non pour affronter le contexte durable de taux d’intérêt bas actuel. Cet environnement, qui s’ajoute à des marchés financiers difficiles et à la crise de la dette souveraine, est leur sujet de préoccupation numéro un actuellement. Il vient en effet peser sur leurs investissements financiers. « Nous en souffrons tous »,regrette Denis Kessler, le PDG de SCOR. « Plus que jamais, notre secteur doit répondre au défi de dégager des résultats stables sur son coeur de métier et de réduire sa dépendance aux résultats d’investissement », résume Torsten Jeworrek, le directeur général en charge de la réassurance chez Munich Ré.

« Ces taux d’intérêt historiquement bas sont en train de mettre à mal notre modèle économique, particulièrement pour les produits d’épargne et de retraite », affirme-t-il. Ce qui va inéluctablement pousser les réassureurs à reconsidérer les engagements qu’ils prennent. Dans ce contexte délicat, Swiss Re se félicitait ainsi hier d’avoir un « petit » portefeuille sur la branche responsabilité et de réassurer peu de contrats d’assurance-vie offrant des garanties.

LAURENT THÉVENIN, Les Echos