Quelle stratégie les réassureurs mondiaux doivent-ils adopter dans les années à venir ? Selon une étude de Standard & Poor’s, rendue publique hier, le secteur doit adopter une démarche plus offensive s’il veut espérer prospérer à moyen terme.

En 2011, le secteur a souffert de pertes record liées aux catastrophes naturelles, de la volatilité sur les marchés financiers et de plus fortes exigences réglementaires. Les pertes, qui se sont élevées à 105 milliards de dollars pour l’ensemble des réassureurs mondiaux, ont pu être absorbées grâce à l’excédent de fonds propres. Bien qu’il ait diminué de 40 % l’an dernier, le surplus de fonds propres était encore estimé à 25 milliards de dollars début 2012. Des pratiques solides en matière de gestion intégrée des risques ainsi qu’une politique prudente en matière de placements ont permis aux réassureurs de surmonter les difficultés de l’année écoulée. Ces facteurs devraient continuer à soutenir les notes de solidité financière du secteur, estime Standard & Poor’s.

Marché en stagnation

A l’avenir, l’agence de notation n’anticipe aucun scénario pouvant entraîner une disparition massive sur le marché du surplus de fonds propres. Seule une catastrophe majeure aux Etats-Unis pourrait coûter aux réassureurs de 10 à 15 % de leurs fonds propres en moyenne. La probabilité qu’un tel événement se produise n’est toutefois que d’une fois en cinquante ans. Un éventuel choc financier, tel que la sortie brutale d’un pays de la zone euro, affecterait leur liquidité et leur solvabilité. Mais l’agence souligne que le faible appétit des réassureurs pour le risque les a jusqu’ici préservés des crises.

Pour autant, les réassureurs doivent affronter de nouveaux défis dans un marché en stagnation. Le marché mondial de la réassurance fait face à l’incertitude macroéconomique et à une augmentation modérée des tarifs dans les marchés matures. La rentabilité du secteur demeure sous pression en raison de la progression lente des taux de primes, des rendements faibles sur investissements et la baisse progressive des reprises sur provisions. Des conditions qui devraient perdurer dans les deux, voire trois prochaines années, selon l’agence. Les réassureurs doivent donc rechercher de nouveaux secteurs profitables, en particulier dans les pays émergents, afin d’assurer leur viabilité à long terme, estime l’agence de notation.

AURÉLIE ABADIE, Les Echos