Les assureurs viennent prendre, sans se presser, la température du crédit aux PME. Devant la raréfaction d’intérêts des banques, le GIAC, pionnier des plates-formes de financement des PME, a réussi à convaincre au moins l’un d’entre eux, Neuflize Vie, de venir souscrire aux obligations de PME émises via son véhicule de titrisation, aux côtés de BPCE et Natixis.

Parti avec son bâton de pèlerin en 2009 pour son septième véhicule, la route aura été longue, a l’instar de Micado, une plate-forme nouvellement lancée sur ce créneau (« Les Echos » du 24 septembre). Cette dernière vient de lever 60 millions d’euros, au lieu des 300 millions visés, notamment auprès des assureurs l’Auxilliaire et l’UMR. Installé de longue date, le GIAC, lui, annonce aujourd’hui débloquer une première tranche de financement à 10 ans de 30 millions au bénéfice d’un peu moins d’une vingtaine de petites et moyennes entreprises, dont 65 % nouvelles. Une seconde tranche de 50 millions va ensuite être ouverte. La gamme des bénéficiaires s’étend de la Quincaillerie Aixoise (28 millions d’euros de chiffre d’affaires) au fabricant de linge de maison Fremaux-Delorme (126 millions de chiffre d’affaires).« Ces PME vont pouvoir se constituer une ligne de capitaux permanents assimilables à des fonds propres à prix compétitifs et baisser leur pression de financement à court terme, qui est le vrai problème du moment. Les banques n’acceptent pas forcément d’accorder des crédits longs en blanc », indique Alain Philbert, le PDG du GIAC. « Jusqu’à présent, les assureurs étaient freinés par le traitement incertain de leur investissement en capital, sous Solvabilité II. Ils ont beaucoup plus de visibilité à présent », estime le PDG.

Ajustements

Pour profiter de l’arrivée des assureurs pour cette classe d’actifs, le GIAC veut se lancer dès à présent dans son nouveau fonds de 150 millions d’euros pour fin 2013.

Pour ce faire, il n’a pas hésité à procéder à des ajustements. Plutôt que de faire appel à une banque gestionnaire, le GIAC a repris la main en direct. Dans les montages avec les banques, certains assureurs disent en effet craindre que, en cas de litige, celles-ci ne portent pas suffisamment de risques pour être intéressées à recouvrer au mieux les créances. Pour rassurer au maximum ces investisseurs, le fonds de garantie du GIAC, avec les organismes parapublics de soutien aux PME, CDC Entreprises et Oséo, ont aussi souscrit davantage de parts obligataires plus risquées (parts subordonnées et mezzanine qui subissent les premières pertes en cas de défaut).

A. DR., Les Echos