L’heure de la rentrée a sonné pour les réassureurs, les assureurs et les courtiers. Comme chaque année, ils se retrouveront à partir de dimanche à Monte-Carlo pour commencer à parler des renouvellements du 1 er janvier 2013. Comme d’habitude, les Rendez-vous de Septembre, qui ont lieu alors que la saison des ouragans aux Etats-Unis est loin d’être terminée, donneront une première tendance sur les tarifs. Mais il faudra attendre fin octobre et les rencontres de Baden Baden, en Allemagne, pour y voir un peu plus clair. Les négociations se prolongeront ensuite jusque tard dans l’année.

Pour l’heure, rien ne semble plaider en faveur d’une hausse des tarifs. 

Contrairement à 2011, l’année a été jusqu’ici relativement épargnée par les catastrophes naturelles. Les réassureurs ont par ailleurs déjà profité des renouvellements précédents pour faire passer les rattrapages tarifaires nécessaires à la suite des événements de l’année dernière (Japon, Thaïlande, Nouvelle-Zélande).

Le secteur a aussi renforcé ses capitaux depuis le début de l’année, qui ont augmenté au total de 5 % entre fin 2011 et fin juin,selon Aon Benfield. Comme les courtiers Willis Re et Guy Carpenter l’avaient déjà souligné, les capacités disponibles sur le marché sont par ailleurs abondantes. « L’offre devrait excéder la demande sur une majorité de secteurs au cours des douze prochains mois », constate également l’agence de notation Fitch Ratings. Selon elle, « les hausses de prix devraient donc ralentir ».

Fitch comme Standard & Poor’s décrivent également un marché « fragmenté ». Pour preuve, rappelle la première, le niveau sans précédent de pertes assurées en 2011 « n’ a pas suffi à provoquer un redressement généralisé des prix sur tout le marché ». De son côté, Moody’s voit d’un bon oeil le durcissement des prix sur certains marchés de l’assurance primaire, « qui posent les fondations d’une stabilité des tarifs de la réassurance ».

SCOR, le cinquième réassureur mondial, s’attend à une stabilité des prix voire à une évolution légèrement positive. Victor Peignet, le patron de SCOR Global P&C, écarte en revanche toute baisse des prix. «  Il n’y a aucune raison pour que les six ou sept réassureurs qui font les tarifs entrent dans une guerre des prix », a-t-il affirmé hier à l’occasion d’une journée pour les investisseurs.

Discipline de souscription

Alors qu’ils doivent aussi composer avec un contexte de taux d’intérêt bas qui pèsent sur leurs revenus financiers, les réassureurs sont davantage concentrés sur leur discipline de souscription.

Dans une étude parue hier, Swiss Re, le deuxième réassureur mondial, a par ailleurs attiré l’attention sur un risque « sous-estimé », les inondations, dont le coût a plus que doublé au cours des dix dernières années pour le secteur de l’assurance. Les pertes assurées provoquées par ces catastrophes se sont élevées à 15 milliards de dollars en 2011, contre 1 à 2 milliards en 1970.

LAURENT THÉVENIN