C’est en bras de chemise et dans une Principauté encore prise d’assaut par les touristes que réassureurs et courtiers ont commencé à parler des tarifs pour 2012 lors des traditionnels Rendez-vous de septembre à Monte-Carlo. Sans surprise, les quatre grands acteurs européens (Munich Ré, Swiss Re, Hannover Re et SCOR) appellent tous à des hausses pour les renouvellements du 1 er janvier, contredisant le premier courtier mondial, Aon (« Les Echos » du 9 septembre).

Selon eux, c’est une nécessité vu le poids des catastrophes naturelles depuis janvier (60 milliards de dollars de pertes assurées au premier semestre, selon Munich Ré). « Le nombre croissant d’événements naturels doit être compensé en termes de prix », estime Victor Peignet, le directeur général de SCOR Global P&C, qui se dit « raisonnablement optimiste » pour les négociations à venir.

Après le tremblement de terre à Christchurch et le séisme au Japon, les réassureurs avaient déjà réussi à faire passer des majorations souvent sensibles dans les zones les plus sinistrées. Mais cette « tendance favorable va se poursuivre », espère Hannover Re, et « pas seulement pour les couvertures catastrophes ». Le deuxième réassureur allemand prévoit des tarifs à la hausse pour les « cat nat » aux Etats-Unis, mais aussi en réassurance maritime et pour les produits structurés de réassurance. « Il n’y aura pas de baisse chez nous, croyez-moi », prévient de son côté Torsten Jeworrek, membre du directoire de Munich Ré, annonçant également de légères augmentations pour la réassurance des plates-formes pétrolières offshore et certains marchés d’assurance automobile.

Pour les réassureurs, il s’agit aussi de contrebalancer l’impact de l’environnement de taux d’intérêt bas sur leurs résultats financiers, « le plus grand choc pour notre industrie depuis trois ans », selon Brian Gray, directeur de la souscription de Swiss Re. D’où la recherche de meilleurs prix pour redresser les résultats techniques.

Des augmentations mesurées

A l’heure actuelle, et en attendant la fin de la saison des ouragans aux Etats-Unis, on se dirige plutôt vers des augmentations mesurées, à entendre les grands acteurs. « Il n’y aura pas de durcissement du marché demain. Mais, chez SCOR, nous préférons une évolution positive continue à un retournement brutal du marché, qui serait sans lendemain », affirme Victor Peignet.

Swiss Re s’attend pour les 3 à 15 prochains mois à un « changement modeste mais généralisé ». Seul Hannover Re s’est hasardé à un pronostic chiffré. D’après le groupe dirigé par Ulrich Wallin, les prix de la réassurance pourraient augmenter de 3 % à 8 % en moyenne début 2012.

(À MONACO)
Laurent Thévenin