Dimanche, les réassureurs, les courtiers et les assureurs réunis à Monte-Carlo pour les traditionnels Rendez-vous de Septembre se souviendront qu’il y a dix ans jour pour jour la chute des tours du World Trade Center avait provoqué une onde de choc sans précédent pour le secteur. En 2011, ce sont les catastrophes naturelles qui ont occupé le devant de la scène. Entre le tremblement de terre en Nouvelle-Zélande et le séisme au Japon, elles ont déjà coûté plus cher qu’en 2010 pour le seul premier semestre (60 milliards de dollars, d’après Munich Re). S’ils ont connu un début d’année difficile, les réassureurs n’arrivent cependant pas dans la Principauté en situation de faiblesse, loin de là.

Comme le souligne le courtier américain Aon, ils ont réussi à reconstituer presque complètement leurs fonds propres au deuxième trimestre. Un bon point salué par les trois grandes agences de notation (Fitch, Moody’s et Standard & Poor’s), qui ont toutes les trois une perspective « stable » sur le secteur, crédité donc d’une bonne robustesse d’ensemble. Les réassureurs ont également réussi à faire passer les augmentations nécessaires dans les zones et sur les branches touchées par cette sur-sinistralité. Au rayon des points positifs, Moody’s signale « la bonne discipline de souscription » des acteurs. Standard & Poor’s pointe cependant « certaines augmentations inadéquates au regard des risques portés ».

Stabilisation globale des prix

Pour 2012, les agences de notation s’attendent à une stabilisation globale des prix de la réassurance. Moody’s estime même le moment propice à « un durcissement ». Pour Fitch, « il n’est pas certain que les réassureurs puissent faire passer des augmentations significatives en dehors des lignes sinistrées ».

Comme toujours, Monte-Carlo devrait donner une première tendance pour les renouvellements de 2012, même si les négociations tarifaires n’entreront dans le vif du sujet qu’après Baden-Baden, l’autre grand raoût de la profession en octobre. Le refrain est connu d’avance : les réassureurs réclameront des hausses de tarifs – notamment en raison de l’environnement de taux d’intérêt bas, qui pèsent sur leurs résultats financiers -, les assureurs plaideront pour des baisses, de même que les courtiers. Chez Allianz France, Bruno Costes, le directeur des cessions France, souligne ainsi «  qu’il y a toujours une surcapacité sur le marché en Europe, ce qui nous donne un espoir de baisse des prix ».

Par ailleurs, les prix de la rétrocession, c’est-à-dire les risques cédés par les réassureurs, pourraient être à la hausse. « Le cumul d’événements du premier semestre a pas mal érodé les protections de certains réassureurs de taille moyenne », observe Thomas Fossard, analyste chez HSBC : «  Assez logiquement, cela devrait se traduire par des tensions tarifaires sur la rétrocession, d’autant plus que c’est un marché assez étroit. »

Restent plusieurs points d’interrogation. Comme toujours à pareille époque de l’année, les assureurs et les réassureurs se savent à la merci des ouragans aux Etats-Unis, un sinistre plus fort qu’un autre pouvant influer sur les tarifs.

Enfin, à Monte-Carlo, on devrait beaucoup parler de la toute nouvelle version de l’outil de modélisation de Risk Management Solutions (RMS), utilisé par un grand nombre de cédantes, les courtiers et certains réassureurs. « D’après ce que nous avons vu, cette version prévoit une hausse du risque tempête en Europe, avec des pointes non explicables à ce stade. Cela pourrait néanmoins inciter certains utilisateurs à augmenter les tarifs sur les tempêtes », redoute Bruno Costes. Selon Moody’s, la nouvelle version du modèle RMS pourrait « stimuler » la demande en réassurance.