Les arguments de Groupama n’auront pas suffi à convaincre Standard & Poor’s (S&P), qui a une nouvelle fois abaissé la note de l’asureur mutualiste. Depuis vendredi, le groupe dirigé par Jean Azéma n’est plus noté que BBB, contre BBB+ auparavant, et reste placé sous perspective « négative ». Pour S&P, Groupama ne présente actuellement pas un niveau de fonds propres compatible avec une note BBB+. « Nous pensons également que les marchés dégradés et très volatils continuent à peser sur le profil financier de Groupama et augmentent le défi que constitue le renforcement des fonds propres », ajoute l’agence.

A fin juin, Groupama affichait 7,16 milliards d’euros de fonds propres (4,3 milliards au niveau de Groupama SA, le périmètre cotable du groupe) pour une marge de solvabilité de 130 % (117 % en ne prenant que les seuls fonds propres durs). Mais, depuis, plusieurs de ses grosses participations – Société Générale et Veolia Environnement -ont perdu beaucoup de leur valeur, ce qui pèse sur la marge de solvabilité.

Plan de réduction des coûts

Groupama pourra cependant se dire qu’il a échappé au pire. Le 13 septembre dernier, S&P avait brandi la menace d’une dégradation pouvant aller jusqu’à deux crans. Depuis, Groupama lui a présenté plusieurs mesures destinées à alléger l’exigence de capital : la souscription de couverture sur certains actifs financiers et de traités de réassurance sur les provisions. « L’agence reconnaît que le plan d’actions que nous avons proposé était significatif, mais qu’il ne pouvait être pleinement valorisé en raison de la situation tendue et volatile des marchés financiers », explique ainsi aux « Echos » Jean Azéma, le directeur général de Groupama Selon S&P, ces mesures devraient améliorer le profil financier du groupe, mais « seront problablement insuffisantes pour ramener et maintenir les fonds propres à un niveau correspondant à une note BBB+ ».

Le sixième assureur français va également se mettre à la diète avec un plan de réduction des coûts de 300 millions d’euros sur les deux prochaines années – avec l’objectif d’atteindre 400 millions d’euros d’économies à horizon 2014. « C’est insuffisant pour régler des problèmes aussi structurels », tranche un analyste parisien, qui pointe le niveau trop élevé d’actions détenues par Groupama (15 % de son portefeuille d’actifs) et sa forte exposition aux dettes des pays périphériques de la zone euro. « Le management de Groupama devrait prendre des décisions plus radicales qu’un simple plan de réduction des coûts. Dans l’absolu, p our répondre au modèle S&P, il faudrait qu’il vende rapidement des actions »,abonde un autre analyste.

Dans l’immédiat, la dégradation de la notation pourrait lui coûter des clients du côté des risques d’entreprise et du transport.

LAURENT THÉVENIN