LAURENT THEVENIN

 

Rendre Coface profitable et autonome. » Jean-Marc Pillu, le directeur général de l’assureur-crédit français, a rappelé sa feuille de route lors de la publication des chiffres semestriels de la société. Selon lui, les résultats obtenus sur les six premiers mois de l’année illustrent « la pertinence » du recentrage en cours sur l’assurance-crédit.

Annoncée début mars, cette stratégie va le conduire à se désengager à terme de certains métiers jugés non stratégiques, comme la production d’ « informations classiques » ou le recouvrement pour compte de tiers, qui pèsent 11 % du chiffre d’affaires. Dans l’immédiat, ces activités seront rendues autonomes pour certaines, externalisées ou mises en « run off » pour d’autres, notamment dans l’affacturage. Jean-Marc Pillu espère avoir mené à bien ce chantier d’ici à la mi-2012. Au final, le recentrage de Coface sur son coeur de métier lui permettra d’économiser 15 % de fonds propres.

Sur les six premiers mois de l’année, le chiffre d’affaires de ses activités stratégiques (parmi lesquelles l’affacturage en Allemagne et en Pologne) a progressé de 8 %, à 764 millions d’euros. Soit une hausse supérieure à la moyenne des cinq dernières années (+ 5 %). L’assurance-crédit a vu son chiffre d’affaires augmenter de 7 %, avec le gain de nouveaux clients (+ 17 %) – ce qui prouve que « ce n’est pas un métier saturé » -et un taux de fidélisation passé de 86 % à 90 %. Sur ses deux principaux marchés, Coface a fait mieux en Allemagne (+ 7 %) qu’en France (+ 4 %). Le développement s’est poursuivi dans les pays émergents, avec une croissance à deux chiffres en Amérique latine (+ 27 %) et en Asie-Pacifique (+ 22 %).

Peu exposé à la crise grecque

Malgré une légère remontée des déclarations d’impayés, la filiale de Natixis a connu une sinistralité moins forte. Son ratio de sinistres à primes est ainsi descendu à 52,5 % à fin juin, contre 65,2 % un an plus tôt. Publié pour la première fois, le ratio combiné (sinistres et frais rapportés aux primes) s’élève à 78,3 %, soit 12,5 points de moins qu’au premier semestre 2010. Autant d’éléments qui ont permis au résultat net de s’élever à 64 millions d’euros (+ 121 %). Au total, «  le premier semestre est représentatif de ce qu’on pourrait faire sur l’ensemble de l’année », annonce Jean-Marc Pillu, sans donner de chiffres.

Interrogé sur une introduction en Bourse de Coface, qui ne fait plus partie des actifs jugés stratégiques par BPCE, Jean-Marc Pillu répond qu’il n’y « a pas urgence » : «  Nous travaillons avec notre actionnaire pour être prêt à une mise sur le marché quand les conditions le permettront.  » L’heure est par ailleurs à la croissance interne, même si le groupe reste à l’affût d’éventuelles opportunités d’acquisitions. Coface indique être potentiellement peu exposé à la crise de la dette grecque. Après avoir déprécié de 21 % son portefeuille, il détient pour 9 millions d’euros d’obligations grecques. « Quant à notre encours sur les entreprises grecques, il est faible et concentré sur les groupes bien notés », précise-t-il.