Le groupe français renonce à acquérir 100 % d’un des principaux assureurs russes, Reso-Garantia, dont il avait acheté 36 % en décembre 2007 pour 810 millions d’euros. « L’option prend fin le 31 décembre de cette année, et [AXA] ne réussira pas à la réaliser », a révélé mardi Sergueï Sarkissian, le principal actionnaire de RESO-Garantia, qui est également président du conseil des directeurs de l’assureur. Selon lui, « le rôle d’actionnaire minoritaire convient parfaitement à AXA, qui est ravi des dividendes que nous lui versons ». La BERD possède également un paquet de 10 % dans l’assureur, acquis en mai 2007.

AXA ne commente pas cette information. En revanche, un assureur au courant de la situation affirme que les négociations entre les deux groupes auraient coincé sur les conditions de réalisation des options. Néanmoins, le français a donné son accord pour l’acquisition annoncée mardi de 25 % de l’assureur VSK pour 183 millions d’euros. RESO-Garantia, qui a financé l’opération sur ses fonds propres, indique souhaiter acquérir ultérieurement les 75 % restants. Le groupe consolidé RESO-VSK sera le second assureur russe en taille après RosGosStrakh. RESO et VSK ont respectivement totalisé pour 832 et 586 millions d’euros de primes à la fin 2010.

Qu’est-ce qui retient alors l’assureur français ? Selon l’expert Alexandre Maï, « AXA n’est pas prêt à dépenser une somme importante pour acheter cet actif. Plus on prend du recul, plus il apparaît évident qu’il n’est pas raisonnable d’acheter à de tels prix. Et pour ceux qui ont déjà fait ce pas, il ne reste plus qu’à consolider. »

Forte concurrence

Les deux grands assureurs étrangers présents sur le marché russe sont l’allemand Allianzet l’italien Generali. Allianz a pris en 2007 le contrôle de Rosno, alors quatrième assureur russe, pour 549 millions de dollars. Generali et son partenaire, le Tchèque PPF, sont eux englués dans un combat interminable avec Basic Element, le holding du puissant oligarque Oleg Deripaska, pour le contrôle de l’assureur russe Ingosstrakh. La seconde banque russe VTB, qui est contrôlée par l’État, envisage une alliance avec Generali sur Ingosstrakh afin de former un géant du secteur. De son côté, la Société Généralecute; Générale envisage également de devenir un acteur important du secteur.

Le régulateur russe manifeste une beaucoup plus grande ouverture dans le secteur de l’assurance que dans celui de la banque. Une loi, qui devrait être votée cet automne, permettrait de porter de 25 % à 50 % le quota maximal des capitaux étrangers dans le secteur. Des officiels préconisent même un abandon pur et simple des quotas.

Emmanuel Grynszpan, à Moscou