SOPHIE ROLLAND

LES ENCOURS SOUS GESTION EN EUROPE ONT FRANCHI LA BARRE DES 10.000 MILLIARDS D’EUROS AU 30 JUIN. LES CRÉATIONS DE NOUVEAUX FONDS ONT DÉPASSÉ LES FUSIONS ET LES LIQUIDATIONS DE PRODUITS EXISTANTS, AU DEUXIÈME TRIMESTRE.
La gestion collective est bien partie pour réaliser une nouvelle année record. Les encours sous gestion en Europe ont franchi la barre des 10.000 milliards d’euros au 30 juin, selon Thomson Reuters Lipper. Et cette hausse – environ 6 % par rapport à la fin de l’année dernière – n’est pas seulement liée à la performance des marchés. Elle s’explique surtout par une collecte exceptionnelle. En tout, les fonds ont attiré 362,5 milliards d’euros au premier semestre (en net des retraits). Pour mémoire, c’est quasiment autant que sur l’ensemble de 2015, une année record pour l’industrie (+386 milliards d’euros).

Signe que le moral des gestionnaires d’actifs est bon, pour la première fois depuis six ans, le nombre de lancements de nouveaux fonds a dépassé celui des fusions et des liquidations de produits existants, au deuxième trimestre. Depuis 2012 c’était l’inverse. L’univers des fonds se réduisait de plus de 500 produits chaque année. Les analystes de Thomson Reuters Lipper doutent qu’il s’agisse d’une tendance durable. « Il y a toujours un nombre élevé de fonds petits et non rentables sur le marché européen. A l’avenir, le nombre de fusions et de liquidations pourrait à nouveau dépasser celui des lancements de nouveaux produits », soulignent-ils. En dépit de la faiblesse des taux d’intérêt et de la fin annoncée des politiques monétaires ultra-accommodantes, les investisseurs plébiscitent toujours les fonds obligataires (+161 milliards d’euros), loin devant les produits diversifiés (+78 milliards), les fonds actions (+66 milliards), monétaires (+27 milliards), alternatifs (+25 milliards) et immobiliers (+3 milliards).

La dernière revue semestrielle de Thomson Reuters Lipper confirme aussi la popularité croissante de la gestion passive – qui réplique les variations d’un indice de marché mais dont les frais sont beaucoup plus modérés. Les ETF (fonds indiciels cotés) ont attiré 50 milliards d’euros entre janvier et juin. De quoi renforcer la part de marché de BlackRock.

La Grande-Bretagne en tête
Le géant américain a collecté 43,8 milliards d’euros au premier semestre (16,7 milliards via iShares, filiale dédiée à la gestion passive), loin devant Pimco (27,6 milliards dont 800 millions sur des ETF) et Amundi (11,6 milliards dont 6,6 milliards sur des ETF). Même hors ETF, BlackRock est donc le plus important distributeur de fonds en Europe. Autre signe de l’engouement pour les ETF, parmi les cinq plus gros gestionnaires d’actifs du Vieux Continent – dans l’ordre, BlackRock, Amundi, JP Morgan, Deutsche Bank et UBS -, un seul, JP Morgan, ne distribue pas ce type de produit.

La Grande-Bretagne reste le principal marché de la gestion d’actifs en Europe avec un peu plus de 2.000 milliards d’euros d’encours gérés et distribués, suivie par la France (environ 1.300 milliards d’euros), la Suisse et l’Allemagne (à égalité avec des marchés d’environ 900 milliards d’euros), puis l’Italie (400 milliards). Une partie de l’activité de domiciliation des fonds échappe à ces pays, car un certain nombre de fonds préfèrent se faire domicilier sur des places financières considérées comme des hubs internationaux. Près de 3.400 milliards d’euros d’actifs sont ainsi domiciliés au Luxembourg et un peu plus de 1.600 milliards en Irlande, contre 1.000 milliards en France.
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