JÉRÉMY BRUNO
CES « CAMÉRAS VOLANTES » PERMETTENT UN GAIN DE TEMPS DANS LA GESTION DES SINISTRES.
Ce sont les nouveaux alliés des assureurs. En seulement quelques années, les drones se sont imposés comme un outil à part entière dans la gestion des sinistres. « Nous y avons recours de manière quasi systématique depuis trois ans. Ce n’est ni un gadget, ni un effet de mode, mais une solution véritablement entrée dans nos moeurs », assure ainsi Jean-François Sutter, directeur de l’indemnisation service client chez Allianz France.

Ces « caméras volantes » télécommandées permettent en effet de recueillir des données précieuses sur les lieux sinistrés. Mais elles ne sont pas utilisées de manière systématique, mais avant tout lors d’événements importants, lorsque l’accessibilité est difficile et dangereuse, voire impossible. « Cela évite à l’expert envoyé sur place de prendre des risques pour constater les dommages », explique Lionel Leduc, responsable commercial et chargé de développement chez Dronotec, une société spécialisée dans ce type de services. En présence d’amiante, par exemple, toute expertise humaine serait impossible avant opération de désamiantage.

Avec les drones, les assureurs affirment pouvoir gagner plusieurs jours, voire semaines dans la gestion des sinistres. Les données recueillies peuvent même aider au-delà du simple constat des dégâts : « Après un incendie, une vue globale permet de déterminer le point de départ du feu, voire les causes de ce départ », précise Lionel Leduc, dont la société travaille avec des cabinets d’expertise mandatés par des assureurs.

Des informations factuelles et fiables
L’utilisation des drones permettrait aussi de gagner en fiabilité. « Les données recueillies permettent de poser un diagnostic sur l’ensemble de la parcelle de manière assez précise et objective », explique Olivier Pardessus, responsable marketing agricole chez Groupama, qui mène deux expérimentations dans le domaine agricole, dans le cadre des indemnisations liées aux aléas climatiques ou aux dégâts d’animaux sur les cultures. « Ce sont des informations factuelles, incontestables pour les deux parties [l’assureur et l’assuré] », poursuit-il.

Les drones ne viennent cependant pas prendre la place de l’expertise humaine. « Ils font partie d’une palette d’outils plus large. Nous avons recours à l’une ou l’autre de ces solutions selon la situation », explique Julien Fursat, responsable en charge du design des offres chez AXA. L’information recueillie par l’appareil est ainsi combinée aux données accumulées de manière plus traditionnelle.

Mais l’utilisation des drones représente un coût supplémentaire pour l’assureur, « entre 1.000 et 2.000 euros en général pour une session de vol », précise Julien Fursat. « Le recours au drone assure une satisfaction client, car il permet à l’assuré de reprendre plus rapidement son activité. C’est un coût qui nous semble totalement justifié », assure-t-il. Lors de récentes inondations au Mexique, le survol par drone a permis à AXA d’identifier les clients touchés et de simplifier le parcours des experts par la suite. Les progrès technologiques devraient permettre de multiplier les services proposés par les drones. Dans un test en cours, AXA a équipé des drones avec un capteur d’humidité capable, par exemple, identifier l’origine de la fuite lors d’un dégât des eaux dans un immeuble.
Fonte: