LAURENT THÉVENIN
Selon Accenture, les assureurs-dommages doivent passer à un autre modèle opérationnel, sous peine de voir leur rentabilité se dégrader.
Pas de miracle à attendre pour les assureurs-dommages français. Selon les projections faites par Accenture, qui vient de réaliser une étude sur le secteur, le marché des particuliers devrait rester sur un rythme de croissance d’environ 2 % par an d’ici à 2020. Comme leur rentabilité est sous pression, ils sont aujourd’hui à la croisée des chemins. D’où, selon le cabinet de consultants, la nécessité d’opérer« une véritable rotation de leur modèle opérationnel », qui devra être« multi-accès, multidistribution, multi-opération, multipartenaire ».
Les assureurs ont déjà enclenché le mouvement sur le multi-accès, c’est-à-dire pour donner la possibilité au client de passer par le canal de son choix. En revanche, ils sont encore« en mode exploratoire » sur la multidistribution.« Ils ont très souvent encore des modèles de distribution monolithiques très intégrés, avec leurs propres forces de vente, leurs agents généraux ou des courtiers. Mais ils vont avoir besoin de s’ouvrir à d’autres partenaires pour aller chercher le client là où il est », explique Fabrice Gardette, responsable de l’activité conseil sur le secteur de l’assurance pour la France chez Accenture.
Grande distribution et médias sociaux
Les assureurs sont invités à voir large, en allant trouver des partenariats en B to B, en B to B to C ou en C to C, via notamment la grande distribution, les médias sociaux, les opérateurs de l’Internet des objets et, plus généralement, tous les acteurs qui génèrent beaucoup de trafic sur le Web.
L’autre grand défi pour les assureurs sera« de désensibiliser leurs coûts de la croissance des primes ».« Ils devront jouer sur le levier du digital, en faisant en sorte que la distribution se fasse de manière massive par les canaux digitaux, tout en maintenant une assistance humaine, mais à distance, d’où notamment la forte croissance d’activité des centres de contact que nous projetons à l’horizon 2020 », anticipe Fabrice Gardette. Avec le digital, les assureurs pourront aussi parvenir à une tarification beaucoup plus fine du risque, grâce aux capacités analytiques et à une meilleure prévention des sinistres, en se servant des objets connectés dans les habitations ou les véhicules.
Autant d’évolutions nécessaires, selon Accenture, pour préserver, voire améliorer, la rentabilité. Aujourd’hui, les assureurs performants arrivent à dégager un ratio combiné (sinistres et frais rapportés aux primes) de 95 % en moyenne, indique-t-il. Mais,« s’ils ne font rien, ce sont potentiellement 10 points de ratio combiné qui sont en jeu », affirme le consultant, qui alerte sur un risque d’effet ciseaux lié à la stagnation des primes et à une hausse tendancielle des coûts d’acquisition et de gestion. Autrement dit, ils courent le risque de voir leur rentabilité technique tomber dans le rouge.
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