Les assureurs mutualistes ont repris quelques couleurs. D’après des chiffres publiés mardi par Swiss Re, ils ont regagné un peu de terrain ces dernières années. Leur part dans les primes d’assurance au niveau mondial est ainsi passée de 24 % en 2007 à un peu plus de 26 % en 2014. Aussi minime soit-elle, cette progression« renverse la tendance baissière observée au cours des décennies antérieures », souligne le réassureur suisse dans une nouvelle étude Sigma. C’est au pic de la crise financière, en 2008-2009, que les sociétés d’assurance mutuelle ont réalisé« une grande partie de cette surperformance ». Mais« le fait que la performance relative des mutuelles en matière d’encaissement n’ait pas fléchi avec la reprise de la croissance économique après la crise financière confère un caractère permanent à la remontée du segment », fait remarquer Kurt Karl, économiste en chef de Swiss Re. Depuis 2010, celles-ci ont vu leurs primes progresser« en ligne » avec le marché.
Il n’en reste pas moins que« cette renaissance n’est pas universelle et que le secteur a encore du chemin à faire pour retrouver ses niveaux de pénétration passés ». Le poids des assureurs mutualistes est aujourd’hui très faible par rapport à ce qu’il était à la fin des années 1980 et au début des années 1990 (66 % de part de marché).
Rien n’est acquis
Surtout, rien n’est acquis pour les opérateurs mutualistes. Comme le reste du secteur, ils doivent aujourd’hui répondre à de nouvelles normes de fonds propres et de gouvernance (Solvabilité II pour le marché européen).« Ces exigences pourraient créer un désavantage concurrentiel pour certaines mutuelles, notamment pour les plus petites mutuelles régionales ou celles dont l’offre est cantonnée à certaines branches », prévient cette étude. Cela dit,« les régulateurs semblent attentifs aux conséquences involontaires éventuelles de la nouvelle réglementation, et préconisent la proportionnalité au moment de la mise en oeuvre des nouveaux régimes prudentiels et de gouvernance ».
L’autre grand défi qui se pose aujourd’hui aux assureurs – à savoir le virage digital – pourrait aussi faire des dégâts dans les rangs mutualistes. Si de nombreuses mutuelles ont déjà engagé ce mouvement,« un certain nombre d’entre elles prennent du retard », avance l’étude de Swiss Re. Au risque de rester à la traîne d’acteurs« mieux positionnés pour intégrer et maîtriser les nouvelles technologies ». « Cela est d’autant plus vrai que les plates-formes d’assurance “peer-to-peer”, qui permettent aux individus de partager les risques entre eux à peu près de la même façon que les mutuelles d’assurance organisées autour de communautés affinitaires, prennent de l’essor », estime le réassureur.
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