JÉRÉMY BRUNO
Les 31es Jeux Olympiques s’ouvrent aujourd’hui à Rio dans un contexte difficile : retards et malfaçons s’accumulent dans les infrastructures qui accueilleront les épreuves. Mais, surtout, le Brésil est plongé dans une crise politique sans fin, doublée d’une profonde crise économique. Or, 10.500 athlètes et 500.000 touristes sont attendus. Dans cet environnement complexe, les organisateurs ont souscrit des centaines de contrats auprès d’un pool d’assureurs et de réassureurs. Au total, l’assurance de ces Jeux Olympiques représente un budget de près de 2 milliards de dollars pour le Comité international olympique et les organisateurs, selon des estimations du marché.
Minimiser les risques
L’enveloppe est considérable, et pourtant, le coût des assurances a beaucoup diminué depuis les Jeux de 1992, avec la mise en oeuvre d’un management des risques.« L’analyse de risque permet de découvrir des solutions techniques pour minimiser au maximum les risques au moment des Jeux », explique Patrick Vajda, chez le courtier Marsh, qui a collaboré à l’assurance de quatorze éditions des JO. Une équipe se rend sur place à plusieurs reprises, ajuste ses conclusions. Un travail qui s’étend en général sur trois années.« Ils vont dans les moindres détails : la situation des sites olympiques, l’organisation de la sécurité, l’accueil des athlètes. » Une limitation des risques qui permet, lors de la signature des contrats, d’en réduire les tarifs.
Incontournable du programme d’assurance : la responsabilité civile, qui couvre tout dommage causé à un tiers. Elle entrerait en jeu, par exemple, si un spectateur venait à être blessé lors d’une épreuve. Autre volet, l’assurance pour les dommages aux biens, d’autant plus nécessaire dans le contexte brésilien, si des manifestations ou des grèves venaient à endommager des infrastructures nécessaires aux Jeux. Ce sont le plus souvent des assurances complémentaires à celles prises par les propriétaires des installations,
Et si les Jeux de Rio venaient à être annulés ou interrompus ? Dans l’ombre du virus Zika et le contexte de la menace terroriste, l’annulation reste le risque le plus important, et le plus coûteux. Si l’événement n’avait pas lieu, ce qui semble aujourd’hui peu probable, le montant total serait reversé aux organisateurs. Sont aussi couverts l’annulation d’une partie des épreuves, ou un abandon des Jeux en cours de route. Les organisateurs, dans tous les cas, auraient à rembourser tout ou partie des 7,5 millions de billets vendus. Mais ce sont surtout les millions de dollars de droits télévisuels vendus par le CIO aux chaînes du monde entier qui seraient compromis : depuis les Jeux canadiens de Vancouver en 2010, le CIO produit les images, transmises ensuite aux télévisions nationales grâce aux juteux contrats signés en amont de la compétition. Une manne financière considérable, et une manière de limiter les risques.
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