Le virage semble bien enclenché chez Swiss Life France en assurance santé. Alors qu’il s’était historiquement développé sur le marché individuel, l’assureur doit porter ses efforts sur les contrats collectifs, notamment en direction des TPE. La généralisation de la complémentaire santé d’entreprise à tous les salariés du privé en 2016 menace en effet la moitié de son portefeuille individuel. « Il a fallu se bouger, car nous étions moins présents sur l’entreprise », résume Eric Le Baron, directeur général de Swiss Life Assurance et Patrimoine. Ce qui se traduit par une refonte de la gamme en santé-prévoyance collective et un travail d’accompagnement du réseau d’agents généraux.

Cette orientation se lit déjà dans les comptes du premier semestre. Si le chiffre d’affaires en santé individuelle a baissé de 5 %, il a augmenté de 5 % en santé collective et de 6 % en prévoyance. Ce qui, au final, a permis au groupe de maintenir son chiffre d’affaires en santé-prévoyance à 670 millions d’euros.

Reste à voir si Swiss Life France – comme les autres assureurs confrontés à cette problématique – s’y retrouvera en termes de marges, les contrats collectifs étant réputés moins rentables que les contrats individuels. « On perd un bout de marché qui est rentable mais qui coûte très cher en coûts d’acquisition. La collective est un marché beaucoup moins cher en coûts d’acquisition », explique Eric Le Baron. « Il faut que le marché se rééquilibre dans les trois à cinq ans », estime Jean-Pierre Lassus, le directeur financier.

Forte production en unités de compte

Sur l’autre grand métier de Swiss Life France, l’assurance-vie, les indicateurs étaient bien orientés à mi-année. Avec une collecte brute en hausse de 8 %, à 1,12 milliard d’euros, le groupe a fait mieux que le marché (+ 3 %). « La qualité de la production est au-delà de nos objectifs », indique Eric Le Baron. Les affaires nouvelles se sont ainsi faites à 56 % en unités de compte (UC), des supports plus intéressants pour un assureur, car moins consommateurs en fonds propres et plus rentables que les fonds en euros. Swiss Life France réalise 41 % de son chiffre d’affaires en UC, soit bien davantage que le marché (16 %). Une performance qui tient à son positionnement sur une clientèle aisée, à la recherche de performances financières et moins frileuse pour investir sur des supports risqués. Sur les six premiers mois de l’année, la collecte nette (cotisations moins prestations) s’est, elle, élevée à 406 millions d’euros, contre 333 millions d’euros au premier semestre 2013.

Au total, le chiffre d’affaires de Swiss Life France a progressé de 4 %, à 1,98 milliard d’euros, pour un résultat opérationnel en hausse de 27 %, à 97 millions. La marge sur affaires nouvelles s’est toutefois légèrement érodée, à 1,6 %, contre 1,8 % à fin juin 2013.

Laurent Thévenin, Les Echos