Six ans après le déclenchement de la crise des « subprimes » aux Etats-Unis, les banques américaines n’en finissent pas de solder les comptes du passé. Le 21 août, Bank of America (BofA) a accepté de payer à différentes autorités américaines le montant record de 16,67 milliards de dollars.

Vendredi dernier, la liste des payeurs s’est encore allongée : la banque d’affaires Goldman Sachs a annoncé qu’elle allait racheter pour 3,15 milliards de dollars de titres financiers litigieux adossés à des crédits immobiliers risqués (RMBS). Ces mêmes produits avaient été vendus entre 2005 et 2007 à Freddie Mac et Fannie Mae, les deux organismes chargés du refinancement du crédit immobilier aux Etats-Unis. Au total, ce montant de 3,15 milliards de dollars que Goldman accepte de verser est bien supérieur à la valeur de marché actuelle de ces titres, soit environ 2 milliards de dollars. La différence, 1,2 milliard de dollars, correspond donc au montant de l’accord passé entre la banque d’affaires américaine et le régulateur. Ce coût, la banque pourra bien sûr tenter de le faire diminuer, si elle parvient à son tour à revendre ces titres à bon prix. Ce nouvel accord fait suite aux poursuites lancées en 2011 par la Federal Housing Finance Agency (FHFA), l’autorité qui supervise Fannie et Freddie. Selon elle, les banques auraient menti ou omis de présenter des faits importants sur la qualité des produits hypothécaires titrisés ensuite revendus aux deux organismes. Emportés par la crise, ils avaient dû être renfloués par l’Etat à près de 190 milliards de dollars.

Accords en série

Concrètement, l’accord est passé entre la FHFA et Goldman Sachs, et la banque répartira les 3,15 milliards de dollars entre les deux sociétés de refinancement, respectivement 1 milliard de dollars pour Fannie et 2,15 milliards de dollars pour Freddie. L’accord permet aux deux agences «  de récupérer la totalité de leur investissement dans les titres concernés », souligne la FHFA. Pour cette dernière, le tableau de chasse commence à devenir impressionnant. L’accord conclu vendredi est le seizième du genre, qui n’a désormais plus que trois procédures en cours.

Le ministère entre en scène

Pour Goldman, le soulagement est grand. L’opération règle «  toutes les plaintes déposées par la FHFA au niveau fédéral comme au niveau des Etats ». La banque ajoute que l’essentiel du coût de l’accord est couvert par ses réserves. Mais à présent qu’il en a fini avec la FHFA, Goldman Sachs pourrait avoir affaire au ministère de la Justice américain. Selon le « Financial Times », le DoJ s’intéresserait aussi à Goldman et à sa consoeur, la banque Morgan Stanley. Citant des «  bons connaisseurs du sujet », le quotidien croit savoir que le département rassemble actuellement des éléments factuels, mais qu’il faudra encore attendre pour que débutent des négociations ou que d’éventuels accords soient passés avec les deux banques. A moins, bien sûr, qu’elles ne tentent d’aller jusqu’à un procès.