Ses méthodes de management pour le moins musclées avaient été la cible de très nombreuses critiques lors de son « règne » à la tête de Deutsche Bank, qui a duré une décennie. En rentrant dans sa Suisse natale à la présidence du conseil d’administration de Zurich Insurance en mai 2012, Josef Ackermann pensait sans doute être mieux « compris ». A tort. Ce fils de médecin, qui rêvait de devenir chanteur d’opéra, a démissionné hier de son poste après le suicide de son directeur financier. Dans un communiqué, cet ancien colonel « converti » à la finance explique que « la mort inattendue de Pierre Wauthier [l] ‘a profondément choqué ». « J’ai des raisons de croire que la famille estime qu’il me faut prendre une part des responsabilités, même si ces allégations sont complètement infondées, ajoute t-il. Pour éviter tout dommage à la réputation du groupe Zurich, je démissionne avec effets immédiats. »

Les circonstances détaillées du décès de ce Franco-Britannique de cinquante-trois ans, découvert sans vie lundi dans sa résidence de Zoug, ne sont pas connues même si les enquêteurs ne doutent pas que ce père de deux enfants se soit donné la mort. Zurich Insurance ne prévoit pas de lancer d’enquête interne sur ce suicide, selon l’agence suisse ATS. « Le décès inattendu de Pierre Wauthier et le départ abrupt du président du conseil d’administration maintenant vont soulever de nombreuses questions », jugent toutefois les analystes de la Banque Cantonale de Zurich.

L’image de Josef Ackermann était écornée en Allemagne. Son signe du V de la victoire lors du procès Mannesmann dans lequel il avait été poursuivi pour abus de confiance avait fait de lui la « tête de Turc de tout un pays », selon le quotidien populaire « Bild ». Le quotidien « Süddeutsche Zeitung » estimait que le Suisse était « un des patrons les plus détestés en Allemagne ». Les investisseurs, quant à eux, lui ont reproché de ne pas avoir tenu ses objectifs.

Lors de son arrivée aux commandes de Deutsche Bank, l’ex- cadre de Credit Suisse avait promis d’accroître le cours de l’action, de faire du groupe une des dix plus grandes banques au monde et d’atteindre une rentabilité des fonds propres de 25 %. A son départ, la crise étant passée par là, l’action avait perdu plus de 50 % depuis ses sommets de 2007, les revenus de la banque ne lui permettaient pas de dépasser la 32 e place mondiale et sa rentabilité atteignait tout juste 8,2 %. Zurich Insurance n’a pas non plus pour l’heure atteint ses objectifs. (à Munich)

F. T.