Les automobilistes auront-ils une bonne surprise en 2014 après plusieurs années de hausse continue des prix de leur assurance ? Pour l’instant, deux assureurs, et non des moindres, ont déjà communiqué sur des politiques tarifaires généreuses. Dès le printemps, la Maif avait promis un gel de ses tarifs pour 2014. La semaine dernière, la MAAF a placé la barre plus haut. La mutuelle va accorder une remise exceptionnelle de 5 % pour ses assurés auto au titre de l’année 2013, n’augmentera pas leur cotisation l’année prochaine (à situation d’assurance identique) et baissera ses prix pour ses nouveaux clients.

En lançant la bataille de la communication plus tôt que les autres années, la Maif et la MAAF forceront-elles la main de la concurrence ? Les prochaines annonces donneront une idée plus nette de la tendance globale – même si certains grands assureurs ne changent leurs tarifs qu’au 1 er avril. « Nous attendons nous aussi les réactions, sachant que le marché est tendu, que le parc automobile n’a progressé que de 0,2 % l’an dernier et que les Français comparent de plus en plus les différentes offres », explique Etienne Couturier, le directeur général de MAAF.

« La guerre tarifaire est engagée, même si elle devrait être limitée », estime Yann Arnaud, directeur assurances IARD France au cabinet de conseil Towers Watson. Pour Cyrille Chartier-Kastler, le président du cabinet de conseil Facts & Figures, la hausse moyenne des tarifs devrait se situer entre 0 et 2 % : « Les opérateurs qui se situeront entre 3 et 5 % de hausse perdront des affaires au 1er janvier 2014 », anticipe-t-il. Selon lui, ce sont les mutuelles sans intermédiaires (à l’instar de la Maif et de la MAAF) qui devraient se montrer les plus agressives cette année.

Comme la Maif, la MAAF explique avoir les moyens d’une telle politique. « La remise de 5 % nous coûtera 70 millions d’euros. Nous pouvons nous permettre ce geste parce que nous avons signé en 2012 le meilleur résultat net de notre histoire (198 millions d’euros) et que nous couvrons très largement notre marge de solvabilité (363 %) », explique Etienne Couturier. La mutuelle niortaise profite aussi d’une sinistralité plus favorable cette année, même si la grêle de cet été va représenter une charge non négligeable (40 millions d’euros pour 17.000 dossiers ouverts). « Les assureurs ont moins de pressions sur leurs résultats techniques que ces dernières années et peuvent donc repasser à l’offensive », observe également Yann Arnaud.

«  Cela fait maintenant trois ans que les fréquences en auto sont relativement bien orientées. Mais nous commençons à percevoir quelques signaux de retournement de cette activité cyclique », prévient toutefois Jacques de Peretti, directeur général d’AXA Particuliers -Professionnels.

A l’abord de la campagne 2014, les assureurs ont aussi en tête une évolution majeure à venir : la possibilité qu’auront prochainement les conducteurs de résilier leur assurance à tout moment au bout de 12 mois de contrat. Cette mesure devrait inévitablement entraîner une rotation plus grande des portefeuilles. « Tout le monde anticipe les conséquences de la loi Hamon. On devrait donc assister à des campagnes de conquête assez agressives pendant quelques années », estime Yann Arnaud. Pour sa part, la MAAF assure que cette perspective n’a pas dicté ses choix tarifaires. « Nous avons déjà fait des remises de 2 % en 1996 et de 5 % en 1997 et 2004, et nous n’avions pas augmenté nos tarifs de 2005 à 2010 », répond Etienne Couturier.

Plusieurs évolutions réglementaires majeures incitent néanmoins les assureurs à la prudence, comme l’explique l’un d’eux  : «  La prise en charge de la revalorisation des rentes versées aux accidentés de la route va entraîner un surcoût pour nous». Les assureurs ont un autre sujet d’inquiétude qui va peser sur l’indemnisation des accidents corporels. « Les différentes cours d’appel de France utilisent un référentiel unique, qui est aligné sur les barèmes les plus élevés. Les assureurs devront forcément en tenir compte dans les tarifs »,explique Jacques de Peretti.

Pour limiter les hausses, certains assureurs « réfléchiraient à retirer certaines garanties sur leurs affaires nouvelles, comme l’assurance zéro kilomètre par exemple », indique Cyrille Chartier-Kastler. Des franchises plus importantes pourraient également être introduites. « La facture s’ajuste ainsi en fonction des choix du client et nous proposons déjà presque tous des offres modulables »,explique un assureur.

Laurent Thévenin