Le marché de l’assurance-vie serait-il en train de reprendre des couleurs ? Au mois de juillet, la collecte nette, c’est-à-dire la différence entre les cotisations perçues par les sociétés d’assurance et les prestations versées, est revenue à l’équilibre, à 0,4 milliard d’euros, selon l’Association française de l’assurance (AFA). Cette collecte positive s’explique par un regain des cotisations collectées, de 12,6 % comparé au mois de juin, à 10,7 milliards d’euros. Les prestations, elles, ont reculé de 2,9 % à 10,3 milliards d’euros.

S’ils sont encourageants, ces chiffres sont cependant à manier avec prudence. Il serait prématuré d’y discerner une reprise du marché alors que la tendance globale reste depuis près d’un an à la décollecte. Depuis janvier 2012, l’assurance-vie enregistre ainsi une collecte nette négative, à – 4,2 milliards d’euros. Un mouvement qui est dû à la crise de la dette en zone euro qui pèse sur l’épargne des ménages. Dans un climat économique incertain, les Français se montrent assez frileux vis-à-vis des placements à long terme. Ils leur préfèrent des produits d’épargne liquides, aux rendements plus attractifs et non fiscalisés. Depuis le début de l’année, le Livret A et le livret de développement durable (LDD) affichent ainsi une collecte nette de 15,2 milliards d’euros.

Plafond du Livret A

Les craintes des assureurs se sont exacerbées avec le relèvement du plafond du Livret A annoncé par le gouvernement le 22 août dernier. Plutôt qu’un doublement immédiat, celui-ci a privilégié cette année l’option d’un relèvement de 25 % à la mi-septembre, puis encore de 25 % d’ici à la fin de l’année. Les épargnants ayant leurs livrets au plafond sont des ménages à gros patrimoines, qui constituent aussi des clients clefs pour l’assurance-vie. Le Groupement des entreprises mutuelles d’assurance (Gema) s’est cependant dit rassuré, estimant que la mise en oeuvre progressive décidée par le gouvernement montrait la volonté de préserver le secteur. Les encours de l’assurance-vie, qui atteignent fin juillet 1.366 milliards d’euros, restent bien supérieurs à ceux des Livrets A et LDD (302 milliards d’euros), sont stables sur un an.

Le marché de l’assurance-vie souffre, en outre, du départ à la retraite des « baby boomers » qui augmentent mécaniquement les retraits. Les prestations versées aux assurés restent ainsi élevées. Sur les sept premiers mois de 2012, elles se chiffrent à 73,5 milliards d’euros, contre 62,6 milliards en 2011. Les cotisations perçues par les assureurs, elles, reculent, à 69,3 milliards d’euros entre janvier et juillet 2012, contre 81 milliards en 2011.

A. A.