Laurent Thévenin

En 2017, le ratio de sinistralité a nettement baissé aux Etats-Unis. Le volume de primes collectées par les assureurs du risque cyber a augmenté de 37 %, à 1,84 milliard de dollars.
De loin le plus grand au monde, le marché américain de la cyberassurance se porte bien. Malgré une vague de cyberattaques sans précédent (WannaCry, NotPetya ou le piratage informatique de l’agence américaine de notation de crédits personnels Equifax) en 2017, « les assureurs américains semblent avoir connu une très bonne année », souligne le courtier Aon dans une étude récente.

Sur la base des déclarations faites par les différents opérateurs auprès de la National Association of Insurance Commissioners (NAIC), qui réunit les régulateurs du secteur aux Etats-Unis, le ratio de sinistralité du marché est tombé à 32,4 % l’an dernier, contre 47,6 % en 2016. Il s’est amélioré « chez la plupart des assureurs », relève Aon.
Cette baisse, qui « peut paraître surprenante », s’explique avant tout par une moindre sévérité des sinistres. En 2017, le coût moyen s’est élevé à 56.688 dollars, contre 90.865 dollars l’année précédente. S’y ajoute aussi « une petite réduction » de la fréquence des sinistres (-7,4 % d’une année sur l’autre).
Comme le relève Aon, les petites entreprises représentent une portion croissance du marché de la cyberassurance. Or, les assureurs couvrant ces PME ont des ratios de sinistralité meilleurs que la moyenne. « Ce segment grandissant, cela pourrait entraîner une diminution des ratios au niveau du marché », anticipe le courtier.

Par ailleurs, avec l’utilisation croissante par les cybercriminels des « ransomware » – les « logiciels extorqueurs » -, les attaques se déplacent des grands groupes vers les particuliers et les petites entreprises, qui bien souvent ne sont pas assurées.

Une ligne d’activité rentable
Au final, le ratio combiné (sinistres et frais rapportés aux primes) était très largement dans le vert à fin 2017. Selon les calculs d’Aon, il s’établissait à 61,4 %. Ce qui veut dire que les assureurs américains gagnaient très bien leur vie avec la couverture des risques cyber.
L’an dernier, ce marché a continué de croître, avec un volume de primes totales (polices cyber spécifiques et packages d’assurance) en hausse de 37 %, à 1,84 milliard de dollars. Ces statistiques ne donnent toujours qu’une vision partielle du marché, puisqu’elles ne comprennent pas les primes collectées par les opérateurs du marché londonien ou les assureurs basés aux Bermudes pour couvrir des cyber-risques
aux Etats-Unis.

« C’est très encourageant pour les acteurs existants et pour ceux qui envisagent de se lancer sur cette ligne d’activité, estime Jon Laux, de la division Reinsurance Solutions d’Aon, cité dans un communiqué. Cela montre que les assureurs ont l’expertise pour offrir un produit approprié […] que les entreprises sont désireuses d’acheter. Cela démontre aussi que les souscripteurs construisent et tarifient les polices dans un sens qui leur permet de générer des profits ».

En 2017, pas moins de 170 assureurs américains ont souscrit de tels risques, contre 140 en 2016. Le marché reste encore malgré tout très concentré, puisque les cinq principaux opérateurs totalisent encore 51 % des primes (69 % pour le Top 10). Au total, seules 36 compagnies ont souscrit plus de 5 millions de dollars de primes l’an dernier.

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