ETIENNE GOETZ

LA COLLECTE NETTE AU PREMIER SEMESTRE S’ÉLÈVE À 2 MILLIARDS D’EUROS CONTRE 12 MILLIARDS EN 2016.
Les mois se suivent et se ressemblent. En juin, les Français ont placé 600 millions d’euros net sur des produits d’assurance-vie, selon les derniers chiffres de la Fédération française de l’assurance. Il s’agit certes de la plus forte collecte depuis décembre, mais elle est inférieure à celle de juin 2016 (1,1 milliard), qui était pourtant un des moins bons mois de l’année passée. Sur le premier semestre, la collecte nette s’élève à 2 milliards d’euros, contre 12 milliards sur les six premiers mois de 2016. Pourquoi un tel désamour ? L’assurance-vie continue de pâtir de la baisse des rendements, qui sont passés sous la barre des 2 %, liée à l’environnement de taux bas, conséquence de

la politique monétaire ultra-accommodante de la Banque centrale européenne. Laquelle n’est d’ailleurs pas près de s’arrêter
. Dans ce contexte, le régulateur a d’ailleurs mis en garde les assureurs contre des taux de rendements servis aux épargnants qui seraient trop élevés, en comparaison des taux de marchés. De fait, les taux bas actuels sont un poison dont les effets se font sentir lentement, car ils érodent la rentabilité des assureurs. L’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution les a donc exhortés à ajuster à la baisse les rendements servis aux épargnants, et à rediriger les Français vers des placements en unités de compte (UC) plutôt investis en actions. Mais ceux-ci sont réticents à toute prise de risque.
Liquidité et sécurité d’abord
La piètre collecte de l’assurance-vie « s’explique par le refus d’une partie des épargnants de s’engager dans les unités de compte. Ils font le choix de renoncer à des versements sur leurs contrats plutôt que d’en affecter une partie en UC », explique Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Epargne. A la place, les Français préfèrent la liquidité et la sécurité offerte par le L

ivret A et le LDD, qui ont récolté près de 10 milliards
depuis le début de l’année. Les épargnants laissent même dormir des sommes de plus en plus importantes sur leurs comptes courants.
Aux faibles rendements de l’assurance-vie, il faut encore retirer les prélèvements sociaux et autres taxes qui viennent rogner encore un peu plus la rémunération. Sans oublier le flou qui entoure la révision globale de la fiscalité voulue par Emmanuel Macron. L’instauration d’une « flat tax » aboutirait à « un alourdissement de la fiscalité surtout pour ceux dont le contrat a plus de huit ans (plus de 62 % des assurés). Le taux de prélèvement passe alors de 23 % (24,7 % avec la majoration de la CSG prévue au 1er janvier 2018) à 30 % », calcule Philippe Crevel.

Enfin, la loi Sapin II a échaudé les épargnants en introduisant un dispositif permettant de

limiter les retraits, voire de les bloquer temporairement
afin de préserver la stabilité financière. Même si c’était déjà en partie le cas, la loi n’a pas encouragé les particuliers à se tourner vers ce produit.
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