Atterrissage en douceur pour l’assurance-vie. Depuis janvier, l’autre placement préféré des Français (avec le Livret A) attire chaque mois un peu moins. Positive de 3 milliards d’euros en début d’année, la collecte nette (dépôts moins retraits) n’a atteint que 800 millions en juin, selon les derniers chiffres de la Fédération française de l’assurance publiés lundi. Il s’agit de la moins bonne performance en dix-neuf mois. Au total, l’encours d’assurance-vie a atteint fin juin 1.602 milliards d’euros.
Deux motifs se sont cumulés : les épargnants ont déposé 11 milliards d’euros en juin, un montant équivalent ou sensiblement inférieur aux mois précédents. Dans le même temps, les prestations versées ont été plus élevées que de coutume : 10,2 milliards d’euros ont été retirés, une jauge jamais atteinte en 2015. Les ménages ont par ailleurs laissé dormir davantage de liquidités sur leur compte bancaire, voire sur leur Livret A.
Ere de glaciation
Pour l’heure, ce n’est pas tant le montant de cette collecte qui préoccupe les assureurs que les arbitrages financiers de leurs clients. Ces derniers optent toujours pour le fonds en euros de l’assurance-vie, garanti et dont la rémunération reste encore aujourd’hui supérieure à l’inflation et à celle de l’épargne réglementée. Or, dans une ère de glaciation sur les taux – ils sont proches de zéro, voire négatifs – rémunérer convenablement ces contrats peu risqués devient difficile. De plus, les retraits sont assez pénalisants, puisque pour assurer ces prestations, les assureurs sont contraints de se défaire d’obligations bien rémunérées (souscrites avant que les taux ne soient aussi bas qu’actuellement), et à l’inverse leur portefeuille se renouvelle peu à peu avec des titres plus récents, aux rémunérations moindres.
Pour sortir de cette impasse, la profession entend pousser la vente de contrats en unités de compte (UC). Pour le client, il s’agit d’un placement plus risqué que le fonds en euros (davantage placé en actions) mais potentiellement plus rémunérateur sur le long terme. Pour la compagnie d’assurances, ce contrat est moins consommateur en fonds propres et mieux margé. Formulé moins courtoisement, il s’agit d’un transfert du risque sur les épargnants.« C’est le prix à payer pour tenter d’échapper à la nasse des taux faibles », souligne Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne.
Mais les épargnants ne se sont pas encore laissé séduire
: depuis le début de l’année, les versements sur les UC représentent 13,4 milliards d’euros, soit 19 % des cotisations.
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