Le monde de l’assurance est nettement à la traîne dans la gestion du risque climat. Selon une étude publiée ce jeudi par Asset Owners Disclosure Project, les assureurs mondiaux sont en retard sur les fonds de pension : dans le classement global des investisseurs institutionnels, réalisé par l’ONG dont l’objectif est d’améliorer l’accompagnement du changement climatique, le premier assureur, Aviva, n’occupe que la 22e place – suivi par Axa, 22 places plus bas.
Seul 1 % des assureurs, parmi les 500 premiers investisseurs institutionnels mondiaux, évaluent le risque que certains de leurs actifs se dévalorisent avec le réchauffement climatique, et à peine 5 % mesurent les émissions de carbone financées par leur portefeuille d’investissement (contre 13 % pour les fonds de pension).
Au-delà d’une faible prise en compte du risque climat, avec des portefeuilles largement investis en produits obligataires, les assureurs ont moins prise sur les entreprises dans lesquelles ils investissent que les fonds de pension : 97 % d’entre eux n’ont formalisé aucune politique d’engagement avec les entreprises en portefeuille sur le risque climat.« Le changement climatique constitue une double menace pour les assureurs : ils sont exposés à la hausse des sinistres liée aux impacts du réchauffement, et les portefeuilles d’investissement qui doivent leur permettre de faire face aux sinistres sont exposés au risque climat lié à la transition vers une économie bas-carbone », souligne Julian Poulter, directeur d’Asset Owners Disclosure Project. Un « risque de transition » qui pourrait avoir« des effets catastrophiques sur l’économie en général »,, souligne-t-il. Et par la même occasion, les assureurs pourraient rater les opportunités offertes par la transition « verte », considérée comme« la plus grande opportunité d’affaires du XXIe siècle » par le patron d’Unilever. Seuls 0,2 % des actifs (30 milliards de dollars) des assureurs sont investis dans des actifs bas carbone, soit trois fois moins que les fonds de pension (93 milliards).
L’Europe bien placée
Dans ce tableau d’ensemble, les assureurs français se distinguent néanmoins. Ils occupent en 2016 quatre places dans le top 10 d’AODP, dont le groupe Axa, sur la deuxième marche du podium, devancé par le britannique Aviva. Suivent la Maif en 6e, Crédit Agricole Assurances en 9e et CNP en 10e, qui font tous les trois leur entrée dans le haut du classement. Autre point positif : aucun assureur français ne se trouve en queue de peloton.
Le relatif succès hexagonal est à placer dans un contexte européen similaire. A l’échelle du globe, l’Europe distance de loin les Amériques et l’Asie-Pacifique : trois assureurs européens sur quatre reconnaissent le risque climat, contre deux sur cinq chez leurs homologues américains. Le changement climatique n’est plus remis en cause par les Européens : gouvernements et assureurs travaillent depuis plusieurs années sur cette problématique. Or, aux Etats-Unis,« le réchauffement climatique est encore un problème politique sensible », constate Julian Poulter.
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