Chaque année, la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM) contribue à l’effort de maîtrise des dépenses de soins en faisant des propositions. Elle présente ce jeudi en conseil d’administration un plan d’économies courant jusqu’en 2018. Il se monte à 715 millions d’euros pour 2016 et à 2,98 milliards d’ici à 2018.

On est bien loin des sommes prévues par le gouvernement. L’objectif de progression des dépenses de l’Assurance-maladie (Ondam), initialement fixé à 2 % pour 2016, dans le cadre d’un plan d’économies de 10 milliards d’euros sur trois ans, a été abaissé en avril à 1,75 %. Il faudra donc trouver 3,4 milliards d’euros en 2016. Cinq fois plus que ce que propose la CNAM. Contrairement aux années précédentes, le nouveau directeur de l’Assurance-maladie laisse donc à la ministre de la Santé, Marisol Touraine, le soin de présenter d’autres mesures, sur les hôpitaux, le médicament, etc.

Transports sanitaires visés

Certaines des propositions de la Caisse s’inscrivent dans le plan à trois ans du gouvernement, pour 2015-2017, en détaillant la méthode. C’est le cas du « virage ambulatoire », qui consiste à réduire les durées de séjour à l’hôpital, via de nouvelles techniques médicales et l’accompagnement à domicile. En 2016, cela rapporterait 171 millions d’euros.

Le gouvernement souhaite également stopper l’essor des indemnités journalières. La Caisse chiffre le potentiel d’économies à 100 millions par an. De même, l’idée de développer la prescription de génériques n’est pas nouvelle. Elle peut rapporter 39 millions l’année prochaine et 116 millions en 2018.

 

La CNAM émet des propositions plus originales qui passent par l’amélioration de la pertinence et du bon usage des soins. Elle s’attaque au coût des transports sanitaires, qui ne cesse de croître et qui a fait l’objet d’un rapport parlementaire récent. Il faut commander plus de transport assis, et moins d’ambulances, plaide-t-elle. La Caisse veut aller vers la mise en place d’un tarif unique pour les sociétés de transport qui proposent à la fois des véhicules sanitaires légers et des taxis, sachant que ces derniers coûtent 25 % plus cher. Cela permettrait d’économiser 109 millions dès l’année prochaine, et 547 millions en trois ans.

L’Assurance-maladie voudrait surtout radier de la très chère « liste en sus » des hôpitaux les médicaments qui sont utilisés pour une indication non prévue. C’est le cas en particulier de l’Avastin, un anticancéreux qu’on utilise parfois pour traiter la dégénérescence maculaire liée à l’âge. Economies attendues : 85 millions d’euros en 2016.

Elle cible aussi les médicaments antidiabétiques, dont le coût a crû de 44 millions d’euros l’an dernier (+ 3,3 %). Et un gain de 82 millions d’euros en 2016 pourrait être fait sur les prescriptions des médecins, qui optent souvent pour des traitements coûteux. Si l’on pratiquait moins d’examens biologiques redondants et de tests non pertinents, on pourrait économiser 39 millions, et si l’on remboursait les orthèses mandibulaires, les dépenses pour lutter contre l’apnée du sommeil (« Les Echos » du 30 juin) décéléreraient de 39 millions. 

Solveig Godeluck, Les Echos