En manque de croissance ces dernières années, l’assurance européenne a renoué avec une certaine dynamique l’an dernier. D’après une étude réalisée par le cabinet de conseil Roland Berger, les 40 principaux groupes d’assurances ont connu une progression de leurs primes nettes acquises de 6 % en moyenne. C’est mieux que sur les périodes 2011-2013 (+ 3 % par an en moyenne) et 2009-2011 (0 %). Cette progression « a été tirée par les acquisitions et par le développement dans les marchés à forte croissance, en particulier l’Asie », explique Christophe Angoulvant, senior partner chez Roland Berger.

La rentabilité du secteur n’a pas connu une évolution aussi marquée. Le rendement des fonds propres (RoE) moyen s’est certes amélioré entre 2013 et 2014, mais de seulement 0,3 point. A 8 % en moyenne pour le Top 40, il est jugé « correct, sans plus » par Christophe Angoulvant. Selon lui, l’un des éléments d’explication à cette quasi-stabilité de la rentabilité serait à chercher dans les efforts faits par les assureurs pour se digitaliser. «  Cela nécessite beaucoup de ressources parce qu’il leur faut à la fois transformer leur activité traditionnelle et investir dans de nouveaux modèles », détaille-t-il.

Effets d’échelle

Sur la période 2009-2014, les assureurs généralistes avec une forte activité non-vie restent les plus rentables, avec un RoE moyen de 11 %, contre 9 % pour les purs spécialistes non-vie. « Comme ils ne peuvent plus autant compter sur les produits financiers pour être profitables, les assureurs dommages ont cherché depuis plusieurs années à gagner en compétitivité en améliorant leur ratio combiné [sinistres et frais rapportés aux primes, NDLR] », précise Christophe Angoulvant. Cela dit, seuls les bancassureurs (5 %) et les acteurs mutualistes (5 %) ont réussi à améliorer leur RoE l’an dernier. La recherche d’une plus grande rentabilité pourrait servir de catalyseur à des fusions-acquisitions, selon Christophe Angoulvant. « Elles peuvent amener des effets d’échelle importants, par exemple sur les coûts des sinistres en automobile ou en santé », détaille-t-il.

La période est en tout cas particulièrement propice à des opérations financières, ce qui s’est vérifié ces derniers jours avec l’acquisition de l’assureur dommages américain Chubb par ACE (28 milliards de dollars) ou le rachat de l’assureur-santé américain Humana par son rival Aetna (37 milliards de dollars). « Il y a une vraie fenêtre de tir. Les assureurs ont aujourd’hui des capacités financières plus importantes entre la hausse de leurs cours de Bourse et le faible coût du crédit », souligne le consultant. 

Laurent Thévenin, Les Echos