Quelques jours après l’incendie ayant frappé une entreprise de menuiserie dans le Val-d’Oise à la mi-juillet, une odeur de fumée se dégage encore des tas de débris qui jonchent le sol du hangar. Le long des parois, le vent s’engouffre dans des morceaux de tôle détachés par les flammes. Les poutres en béton menacent de s’effondrer à tout moment. Impossible pour un assureur de pénétrer dans l’entrepôt afin de déterminer la cause de l’incendie, l’étendue des dégâts ou encore les premières mesures à prendre pour éviter de nouveaux dommages. Trop risqué. Quand bien même le parquet a lancé une enquête, interdisant à toute personne de s’introduire sur les lieux.

Interventions tout-terrain

Face à de telles contraintes, Allianz a trouvé la parade : le drone rend possible une intervention sur n’importe quel terrain pour un coût modéré (autour de 1.000 euros). Dans le cas de l’incendie dans le Val- d’Oise, l’expert dépêché sur place a ainsi fait appel à un opérateur de drones pouvant intervenir n’importe où en France dans les quarante-huit heures. C’est lui qui a la charge d’homologuer ses drones, de demander des autorisations de vol, bref de fournir le matériel et de se mettre en accord avec la réglementation. Sur le site, ils sont deux, un télépilote et Emilien Rose, gérant du réseau Dronotec, reconverti dans l’activité commerciale de drones après avoir été expert en assurance pendant dix ans. Recourir aux drones était pour lui une évidence : « J’ai vu des collègues prendre des risques inconsidérés », explique-t-il.

Après avoir fait signer une décharge à toutes les personnes présentes et leur avoir recommandé de ne jamais parler directement au télépilote, l’opérateur de drones lance l’engin dans les airs. Ce quadricoptère, pesant un peu moins de 2 kilos et doté d’une autonomie en vol proche de quinze minutes, fait un bruit d’essaim d’abeilles quand il sillonne le hangar. Il est équipé d’une caméra GoPro et d’un système de transmission permettant à l’expert d’avoir un retour vidéo en temps réel avec une qualité suffisante pour donner des instructions au télépilote. Une fois l’inspection terminée, les images enregistrées sont transférées sur un ordinateur et, même sans être retraitées, elles sont de très bonne qualité.

«  L’utilisation de drones permet d’accélérer les démarches. Avec les photos, on fixe les dommages, on peut rapidement savoir ce qu’il faut faire. La réactivité est essentielle pour fiabiliser la chaîne commerciale d’une entreprise et lancer les appels d’offres pour une reprise d’activité », explique Agnès Roche, responsable inspection à Paris dans le Nord et dans l’Est pour Allianz. Avant l’ère des drones, on faisait venir une nacelle, mais il n’était pas toujours aisé d’en trouver une disponible aux alentours du sinistre.

 

Des capteurs au-dessus des parcelles

L’utilisation de ces engins n’est pas limitée à l’expertise post-sinistre. En témoigne l’accord passé en février entre Groupama et Airinov afin de « développer l’utilisation des drones dans le monde agricole ». D’un côté, Airinov permet aux agriculteurs de mesurer avec précision les besoins en engrais ou en eau de leurs champs en faisant passer une aile volante équipée de capteurs au-dessus des parcelles. De l’autre, Groupama assure les exploitants agricoles pour tous les dommages qu’ils pourraient causer ou subir avec les drones, et récupère au passage des données qu’il utilisera dans « l’exercice de son métier d’assureur auprès des agriculteurs ». 

Etienne Goetz, Les Echos