Les grandes manoeuvres battent leur plein dans l’assurance-santé aux Etats-Unis. La fin de semaine dernière a ainsi été marquée par deux acquisitions majeures coup sur coup. D’abord celle, jeudi, de Health Net par son concurrent Centene pour 6,3 milliards de dollars (5,6 milliards d’euros). Et surtout, le rachat annoncé, vendredi, de Humana, le quatrième assureur-santé du pays, par Aetna, le numéro trois, pour la somme record de 37 milliards de dollars.

Cette dernière opération, qui doit être finalisée au second semestre 2016, donnera naissance au deuxième groupe d’assurance- santé américain, derrière UnitedHealth (qui tire une bonne partie de son chiffre d’affaires de ses activités de services). Selon les projections faites par Aetna, le nouvel ensemble devrait réaliser un chiffre d’affaires de 115 milliards de dollars en 2015, dont 56 % sur les programmes de santé subventionnés par l’Etat (Medicare, pour les personnes âgées, et Medicaid, pour les démunis). Il comptera au total quelque 33 millions d’adhérents.

Comme le rapporte Reuters, les analystes de Wall Street et certains experts des questions de concurrence pensent que l’opération sera approuvée par les autorités, moyennant sans doute quelques cessions.

Dans les détails, l’offre d’Aetna – qui a été validée par les conseils d’administration des deux groupes – se fera en cash et en actions. Il est ainsi prévu que chaque actionnaire de Humana reçoive 125 dollars et 0,8375 action d’Aetna par action de Humana détenue. Au final, les actionnaires d’Aetna détiendront 74 % du capital de la nouvelle entité, et ceux de Humana 26 %.

« Ce rapprochement va nous permettre de continuer à développer un service excellent pour nos affiliés et de renforcer nos partenariats avec les fournisseurs pour apporter des soins de haute qualité à un prix abordable », a justifié dans un communiqué Mark T. Bertoloni, le PDG d’Aetna.

 

Recherche d’économies d’échelle

Ce sont principalement les nouvelles conditions de marché découlant de l’Obamacare qui précipitent la consolidation du secteur. Cette réforme a permis à des millions d’Américains d’acheter une assurance-santé et ils seront sans doute encore plus nombreux à l’avenir puisque la Cour suprême a validé fin juin l’une des principales dispositions fiscales du système. Or celui-ci apporte une part grandissante de leur chiffre d’affaires aux assureurs-santé. Mais Medicare et Medicaid pèsent aussi sur leurs coûts. D’où la recherche d’économies d’échelle. Dans l’opération, Aetna table sur 1,25 milliard de dollars de synergies annuelles en 2018.

Autre nécessité pour les assureurs, il leur faut avoir une taille toujours plus grande pour pouvoir mieux négocier les prix avec les hôpitaux. Dans ce contexte, si l’acquisition de Humana par Aetna marque les esprits, il n’est pas exclu qu’elle puisse bientôt être surpassée par une autre transaction encore plus colossale. Anthem, le deuxième opérateur américain en santé (avant le rapprochement Aetna-Humana), est en effet parti à l’assaut de Cigna, le numéro cinq. Fin juin, ce dernier avait repoussé une offre de rachat à 47 milliards de dollars. Mais, d’après le « Wall Street Journal », les deux compagnies étaient en discussion la semaine dernière. 

Laurent Thévenin, Les Echos