Pierre de Gasquet Correspondant à Rome

La banque d’André Esteves reprend BSI à Generali pour 1,2 milliard d’euros. Déjà actionnaire de MPS, BTG Pactual réalise son premier investissement euro- péen d’envergure.

Pour le « Goldman Sachs brésilien » BTG Pactual, la reprise de la Banque Suisse Privée (BSI) à l’italien Generali est une étape stratégique. Il aura fallu seulement deux mois de négociations exclusives au milliardaire brésilien André Santos Esteves, quarante-six ans, le fondateur de BTG Pactual, pour boucler la reprise de la banque suisse, basée à Lugano, que le numéro un italien de l’assurance cherche à vendre depuis deux ans. Déjà actionnaire de Monte dei Paschi di Siena (MPS) et Banca Carige dans la péninsule, BTG Pactual confirme son intérêt pour l’Europe du Sud.

Des soutiens importants

« La Suisse est à un tournant car elle est en train d’abandonner la logique du secret bancaire pour embrasser celle du service », avait expliqué André Esteves au « Sole 24 Ore » en mai dernier. Deux mois après, cet ancien banquier d’UBS, qui a créé son propre groupe d’investissement au Brésil, en 2008, reprend la plus ancienne banque suisse du canton du Tessin, fondée en 1873 à Lugano. Spécialisée dans la gestion de fortune et les services à la clientèle institutionnelle, BSI avait été reprise par Generali, en 1998, dix ans avant sa fusion avec Banca del Gottardo, au moment où l’assureur italien était encore dirigé par Antoine Bernheim. La vente de sa filiale suisse pour 1,24 milliard d’euros permet au nouveau patron de Generali, Mario Greco, de boucler son plan de cessions d’actifs de 3,7 milliards d’euros avec un an d’avance sur ses objectifs.

En l’espace de six ans, BTG Pactual – dont l’acronyme est parfois associé à « Banking and Trading Group », mais aussi à « Better than Goldman » – est devenu une des principales banques d’investissement brésiliennes. Fondé à partir de la vente de Pactual par UBS, le groupe dirigé par André Esteves est également présent dans le négoce de céréales et de matières premières. Parmi ses soutiens financiers, BTG Pactual a compté les fonds souverains d’Abu Dhabi et de Singapour et la famille Rothschild, ainsi que le holding Exor des Agnelli, même si ce dernier est sorti du capital depuis la cotation en Bourse de la banque brésilienne en 2012.

Déjà devenu, il y a quelques mois, l’un des principaux actionnaires de Monte dei Paschi di Siena (à 2 %), au côté du groupe Fintech du mexicain David Martinez Guzman, le groupe brésilien n’a pas caché son intention de continuer à investir dans la péninsule, en se déclarant confiant dans « les réformes politiques et économiques engagées par le nouveau gouvernement italien ». Crédité d’une participation de moins de 2 % dans Banca Carige, BTG Pactual s’intéresse aussi au programme de privatisations italiennes (Poste Italiane, Trenitalia…).

Pour 2013, BSI a enregistré une perte nette de 722 millions de francs suisses liée à des provisions comptables sur l’amortissement de l’acquisition de Banca del Gottardo, reprise en 2008. BTG Pactual mise sur cette acquisition pour consolider ses activités de gestion d’actifs en Europe.